Duong Thu Huong, Les collines d’eucalyptus

collinesdeucalyptusL’auteure : Duong Thu Huong est née en 1947 au Vietnam. À vingt ans, elle fit la guerre à la tête d’une brigade de jeunes communistes. Avocate des droits de l’homme, elle n’a cessé de défendre ses convictions, finissant par être exclue du parti communiste en 1990, puis arrêtée et emprisonnée sans procès. Depuis le succès en France de Terre des oublis, en 2006, elle vit à Paris. Ses livres sont désormais interdits de publication au Vietnam mais sont traduits dans le monde entier.
888 pages
Éditeur : le Livre de Poche (2015)

Au Vietnam, dans un lieu reculé, au bord d’une falaise entourée de brumes tenaces, le jeune Thanh est emprisonné dans un bagne parmi les forçats, la catégorie la plus féroce de prisonniers, la lie de la société. Qu’a fait pour arriver là, ce jeune homme qui semble cultivé, doué d’intériorité, sensible ? Par alternance, les chapitres s’éloignent de la prison pour revenir sur l’enfance et la jeunesse de Thanh. Enfance heureuse, notamment lorsque ses parents deviennent proches d’une famille qui habite le hameau des eucalyptus, permettant à Thahn, resté enfant unique, de découvrir une autre vie de famille, et la nature environnante. Les très belles descriptions des lieux donnent envie de partir séance tenante au Vietnam.
La vie de Thahn prend un tour plus dramatique pendant ses années de lycée, lorsqu’à la fois, il découvre son homosexualité, est rejeté par son meilleur ami, et craint de perdre l’amour de ses parents. Il décide alors de tout quitter avec la complicité d’un autre jeune homme plus roué que lui, et d’aller vivre dans une autre ville, de petits boulots mal payés.
Il faut savoir à propos de ce roman, que Duong Thu Huong l’a écrit en pensant à un jeune homme de sa famille disparu en 1987 au Vietnam, sans plus donner aucune nouvelle. Elle a donc écrit un premier roman où elle imagine ce qui a pu lui arriver, c’est Sanctuaire du cœur, et un deuxième, celui-ci, où elle échafaude un second scénario très crédible.
Alors, vous avez sans doute remarqué la longueur du roman. Globalement, une fois habituée aux digressions qui se tournent vers des destins de personnages secondaires, pour retrouver ensuite des passages qui éclairent l’évolution de Thanh, je n’ai pas trouvé le temps long. Ces histoires parallèles ou imbriquées sont heureusement intéressantes à plus d’un titre, entre autres le récit de son ami Tien qui donne à voir d’autres aspects de la vie des homosexuels au Vietnam, où, s’ils ne sont pas poursuivis par les lois, ils le sont par des préjugés tenaces, ça oui…
Le roman est tout de même long, pas tant à cause des descriptions que des passages que je qualifierais de didactiques où un personnage se lance dans de grandes explications philosophiques à destination de son interlocuteur. Ce sont les seuls qui m’aient un tant soit peu laissée perplexe. Sinon, je le répète, j’ai beaucoup aimé l’art d’évoquer une nature et des paysages qui invitent au rêve.
Je pense même sérieusement à relire cette auteure, en particulier Sanctuaire du cœur, à cause de son lien avec Les collines d’eucalyptus, et d’autres peut-être, mais j’attendrai à ce sujet vos conseils éclairés.

Extrait : Pour charger les marchandises, ils dormirent trois nuits à Dông Mo. L’auberge était surprenante, située dans une rue dont chaque maison avait sa propre physionomie. Il n’y en avait pas deux semblables, pour l’aspect comme pour le matériau. C’est seulement pendant la nuit qu’elles devenaient pareilles, dans l’ombre noire et opaque. L’espace immense se transformait alors en un océan sombre et on aurait dit que la vie ne se concentrait plus que dans les lueurs des lampions qui se balançaient comme autant d’yeux rouges.

Les avis de Jostein et Mimi Pinson.

Deuxième pavé de l’été chez Dame Brize.
pavc3a9-2015-moyen-mle-300  plldp

42 commentaires sur « Duong Thu Huong, Les collines d’eucalyptus »

  1. Avant de plonger dans  » Terre des oublis « , j’avais lu  » Au-delà des illusions  » qui me paraît maintenant une excellente façon de découvrir l’auteur, son style, ses thèmes, même s’il s’agit dans les deux titres que je cite d’histoires d’amour hétérosexuelles, de mariages. Je retrouve ma lecture du moment dans ce que tu écris sur la longueur du récit et la structure narrative.
    ( tu me rends curieuse de  » Sanctuaire du coeur  » )

    J’aime

    1. J’ai l’impression que Terre des oublis est le plus connu et le plus apprécié. C’est celui par lequel j’aurais commencé s’il n’y avait eu le prix des lecteurs du LdP. (terminé pour moi dorénavant)

      J’aime

  2. Dans le cadre du Prix des lecteurs du Livre de Poche, j’avais eu à lire Terre des oublis. Je me souviens que j’avais eu bien de la misère à aller jusqu’au bout, à la fois charmé et irrité par la lenteur du récit. Et pourtant, des années après, le sentiment qui prévaut est positif ; c’est une lecture qui m’a marqué à sa façon. Je n’ai jamais relu l’auteur depuis, pas même ces « Eucalyptus » dont la thématique pourrait pourtant me plaire…

    J’aime

    1. Je n’ai pas eu de mal à aller au bout, parce que la construction faisait que je me posais des questions et attendais les réponses… et le charme a agi aussi, m’empêchant d’arrêter. Pourtant je ne suis pas très persévérante, et ce, trop souvent.
      Je pense en garder aussi un souvenir agréable.

      J’aime

  3. J’ai lu (à sa sortie, donc ça remonté à loin) « Au-delà des illusions », que j’avais beaucoup aimé. Rien lu d’autre depuis de l’auteur, je crois que je craignais (à tort ?) les redites, ou que ce ne soit pas aussi bien.

    J’aime

    1. ça m’arrive aussi (souvent) de ne pas réitérer avec un auteur pour ces raisons. Je ne peux pas te dire dans ce cas, puisque c’est le premier que je lis ! Je vois qu’Accalia en a lu plusieurs avec plaisir, c’est bon signe.

      J’aime

  4. C’est une auteure que j’aime beaucoup et dont je lis les romans au compte-goutte, afin de ne pas tout finir trop vite. Celui-ci est dans ma PAL, ainsi que « Sanctuaire du coeur ». Je ne savais pas que ces histoires étaient liées!

    J’aime

      1. Dans ces cas-là, je te conseille très vivement « Terre des Oublis » qui a été un véritable coup de cœur pour moi…une histoire absolument magnifique! Par contre, là aussi les digressions sont nombreuses…

        Aimé par 1 personne

  5. De cette auteure j’ai lu Terre des oublis et Itinéraire d’enfance : ce dernier était un quasi coup de coeur! Il faudrait que j’en lise d’autre d’elle car je me rappelle avoir beaucoup aimé l’univers de ces deux livres…

    J’aime

  6. Comme tout le monde, « Terre des oublis » ! Un livre magnifique, sublime, solaire ! J’avais été un peu déçue par « Sanctuaire du coeur », ce pourquoi, je ne pense pas lire « Eucalyptus ». Les longueurs dont tu parles y étaient également un peu gênants. « Les paradis aveugles » est moins poétique que les autres, plus politique, intéressant aussi …. Voilà pour mes « conseils éclairés » (?)

    J’aime

  7. J’avais tellement aimé Terre des oublis !!! Je note ce titre pour retrouver l’auteur (j’ai lu un autre titre d’elle que j’avais moins aimé)

    J’aime

  8. « Terre des oublis » m’a laissé un souvenir assez flou, peut-être à cause de sa longueur justement. Mais j’avais apprécié cette lecture, pourquoi pas renouer avec l’auteur via ce titre.

    J’aime

      1. Eh bien en fait, j’ai lu un peu plus de 40 pages, et pour l’instant c’est une suite de jérémiades et lamentations… entrecoupées de très belles descriptions, certes, mais tout de même…

        J’aime

Et vous, qu'en pensez-vous ?