Robert Seethaler, Le tabac Tresniek

tabactresniekL’auteur est né à Vienne, en Autriche, en 1966. Robert Seethaler est écrivain, acteur et scénariste. Il vit à Berlin. Le Tabac Tresniek est son quatrième roman, il a remporté un grand succès dans les pays germanophones. Un autre roman intitulé Une vie entière, paraît à la rentrée chez le même éditeur.
249 pages
Éditeur : Sabine Wespieser (octobre 2014)
Traduction : Elisabeth Landes
Titre original : Der Trafikant

Avez-vous envie de musarder dans la ville de Vienne en 1937 ? Saviez-vous que Sigmund Freud était encore vivant à cette époque ? Imaginez-vous comment l’Anschluss a été vécu par les petites gens, par exemple le jeune commis d’un buraliste ?
Le jeune Franz Huchel est expédié de la campagne par une mère aimante, mais brusquement démunie, pour travailler dans un bureau de tabac, à Vienne. Otto Tresniek l’accueille de manière un peu bourrue, mais lui apprend les rudiments du métier, et surtout, l’engage à lire la presse. Si au début, Franz n’y comprend pas grand chose, il va finir par s’intéresser à l’actualité, quoiqu’à son âge, l’intérêt pour les filles va croissant aussi. C’est à l’un des clients, le « docteur des fous » dont la réputation avait atteint le village natal de Franz, qu’il va s’adresser pour essayer de résoudre ses problèmes de cœur.
Ce court roman est à classer au rayon des lectures délicieuses, l’auteur réussissant à évoquer des événements dramatiques au travers du regard innocent de Franz, avec toujours un brin d’humour, et une délicatesse rare. La ville de Vienne est plus qu’une toile de fond, presque un personnage, on imagine le Prater, la grande roue, les rues et les bâtiments, s’assombrissant au fur et à mesure de l’emprise nazie sur l’Autriche.
L’évolution de ce jeune gars, le tour que vont prendre les choses, la part du Dr Freud dans l’histoire, je vous conseille de les découvrir par vous-même, et vous laisse avec quelques extraits, qui sauront, je l’espère vous donner envie de découvrir ce petit bijou !

Extraits : (le départ du village) L’avenir se profilait maintenant dans son esprit comme un lointain rivage aux contours imprécis émergeant de la brume matinale : encore un peu flou, mais riche de beauté et de promesses. Tout était soudain d’une délicieuse légèreté. Comme si, avec la silhouette de sa mère se brouillant au loin sur le quai de Timelkam, il avait laissé une bonne partie du poids de son corps.

 

(Franz et Sigmund) En outre, l’énorme différence d’âge entre eux instaurait d’emblée la juste distance, celle qui, avec la plupart de ses semblables, lui permettait seule, en fin de compte, de supporter une relative proximité. Franz était tout jeune, le monde du professeur, en revanche, vieillissait de jour en jour. Même sa fille dont il brossait encore les dents de lait assis sur le rebord de la baignoire pas plus tard qu’avant-hier, lui semblait-il, avait maintenant dépassé la quarantaine !


(dialogue avec le psychanalyste) « Je me demande quelle importance peuvent avoir mes petits soucis idiots à côté de tous ces événements, dans ce monde qui est devenu fou. »
« A cet égard, je peux te tranquilliser. D’abord, les soucis qu’on se fait à cause des femmes sont généralement idiots, certes, mais rarement petits. Ensuite, on peut inverser les termes de la question : quelle est la légitimité de ce qui se passe dans ce monde devenu fou, comparé à tes soucis ? »

Les avis de Dasola, Eimelle, Luocine et tout récemment, le billet enthousiaste de Marilyne.

20 commentaires sur « Robert Seethaler, Le tabac Tresniek »

  1. Vous êtes plusieurs à en parler ces temps-ci. J’ai vais l’emprunter à la bibliothèque, mais il faudrait que j’avance un peu plus vite dans mes lectures.

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  2. Aaaaah 🙂 Vienne s’assombrissant personnage, humour, délicatesse, le rayon des lectures délicieuses, tout est dit, le second traduit arrive à point.( il me semble avoir vu 1er octobre, fin de déferlante, ça me va bien :))

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