Beatrice Masini, L’aquarelliste

aquarellisteL’auteure : Beatrice Masini est traductrice, notamment de la série Harry Potter en italien, et auteure de livres pour enfants et adolescents. L’aquarelliste, son premier roman pour adultes, a reçu plusieurs prix en Italie. Elle vit à Milan.
425 pages
Éditeur : Le Livre de Poche (mai 2015)
Traduction : François Rosso
(très joli) titre original : Tentativi di botanica degli affetti

Après un prologue qui laisse deviner le drame d’une femme, drame commun à de nombreuses jeunes filles du XIXème siècle, le roman suit les pas de Bianca, jeune fille orpheline qui voyage pour aller s’installer auprès d’une famille aisée dans une grande maison entourée d’un vaste parc. Y vivent une grand-mère autoritaire, une mère et cinq enfants, et le père, poète habité par son écriture et au comportement parfois déroutant.
« C’est une étrange famille, une mixture d’affectations et de soucis concrets, un balancement de positions sociales, où, l’espace d’un instant, on veut bien se mêler au peuple et où, l’instant d’après, on prend de grands airs dédaigneux ; où, un instant l’on rit, et le suivant on affiche le plus grand sérieux. » Ces lignes définissent bien la famille pas tout à fait dans la norme, progressiste à une époque qui commence à peine à l’être, artiste mais cependant bourgeoise. Le statut de Bianca y est mal défini, ni domestique, ni invitée, ni amie de la famille, employée mais libre de son temps et de ses allées et venues, ce dont elle profitera bien à un certain moment… Mais non ! Pas pour faire des frasques, car Bianca est plutôt sage, mais pour exécuter des travaux d’aquarelle pour le maître de maison, et aussi, de manière plus secrète, mener des recherches à propos d’une jeune domestique.
Un léger reproche serait que le lecteur ne sait pas trop où il va : roman d’apprentissage, récit d’amitié, histoire autour de secrets de famille ou autour de la création artistique, arrivée au milieu du roman, j’en étais toujours à conjecturer. Puis tout s’éclaire lorsque Bianca veut faire le bonheur des autres malgré eux, notamment de la petite Pia, laissée mais non pas abandonnée, juste après sa naissance, et que Bianca imagine pouvoir retrouver les parents de celle-ci…
Pouvoir se mettre dans la tête d’une adolescente du début du XIXème siècle est certainement un exercice difficile et Beatrice Masini y réussit à merveille, c’est le point fort de ce roman plein de charme, ainsi que la description du milieu où évoluent les personnages. On n’est d’emblée ni uniquement du côté des maîtres, ni seulement auprès des domestiques, et par ce côté, le roman est à rapprocher d’Une saison à Longbourn, peut-être parce que son souvenir est encore vif dans ma mémoire. Les quelques longueurs de ce roman, pour moi qui ne suis pas très fan de romans historiques, sont largement rachetées par un final émouvant.

Extrait : En voyageant, elle est une autre : non celle qu’elle a toujours été, non celle qu’on attend et à qui on s’attend à l’arrivée. En suspens. Et elle a toujours eu cette sensation précise, même avec son père à son côté, quand ils étaient loin de chez eux, libres ensemble, définis seulement par le lien qui les unissait. […] A présent, sa voie est tracée, et un puissant aimant attire la voiture vers son but. Qu’on l’appelle destin, ou devoir. Et si une robe de voyage doit être sombre, pour dissimuler la saleté et les taches, elle a tout exprès choisi la sienne claire, pour qu’elle portât bien les empreintes du changement. Son dernier petit défi.

Les avis de Miss Alfie et Malice.
plldp

12 commentaires sur « Beatrice Masini, L’aquarelliste »

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