Elizabeth Gilbert, L’empreinte de toute chose

empreintedetouteL’auteure : Née en 1969 dans le Connecticut, Elizabeth Gilbert vit aujourd’hui à Philadelphie, et voyage régulièrement au Brésil et à Bali. Elle a été journaliste avant de se faire connaître avec son roman autobiographique Mange, prie, aime (2008) traduit dans de nombreux pays et adapté au cinéma. Elle a publié aussi Le dernier américain, La tentation du homard et Désirs de pèlerinage (tous parus en poche).
807 pages
Éditeur
: Livre de Poche (2015)
Traduction : Pascal Loubet
Titre original : The signature of all things

Dès les premiers chapitres, dans les cent premières pages, on peut assister à une enfance anglaise misérable, des larcins botaniques, un tour du monde avec le capitaine Cook, une fortune due au quinquina, un mariage de raison, une installation en Pennsylvanie, une naissance. Ces chapitres concernent tout d’abord Henry, le père d’Alma Whitaker, dont le destin semble sorti d’un roman de Dickens.
Quant à Alma, elle est née au tout début du XIXème siècle et le roman va parcourir toute sa vie, en évoquant d’abord celle de ses parents, et la méthode d’éducation originale qu’ils ont pensée la meilleure pour elle. Alma n’est pas belle, mais spirituelle et d’une intelligence hors du commun. Jeune femme, elle prend la suite de son père, en se passionnant davantage pour la botanique que pour le commerce, et notamment pour l’étude des mousses, ces plantes si petites n’ayant guère attiré l’oeil des botanistes l’ayant précédée. Mais ne croyez pas que ce roman cache une somme de pages scientifiques arides, il n’en est rien, il s’attarde bien plus souvent sur la vie privée d’Alma, sur ses rêves et ses désirs, sur la société et notamment l’intelligentsia de l’époque, sur sa famille.
Il faut avouer, mais vous vous en doutiez un peu, que ce roman est tout de même long, mais contient un bon nombre de passages où l’intérêt se réveille, passages qui ne seront probablement pas les mêmes pour chaque lecteur, mais qui valent vraiment le détour. Le style est aisé à lire sans être trop simple, et fait bien passer les quelques longueurs. Alma est un personnage atypique et fort, et si on s’attache à elle, et à son entourage qui ne manque pas d’intérêt non plus, le temps passe vite. Je recommanderai ce roman plutôt à celles et ceux qui se sentent attirés par le XIXème siècle aux États-Unis ou par les découvertes scientifiques, telles le début du darwinisme.

 

Extrait : Les dîners à White Acre n’étaient pas le domaine des ragots, mais d’exercice de stimulation intellectuelle et commerciale. S’il y avait quelque part dans le monde un audacieux jeune homme qui accomplissait quelque exploit, Henry voulait qu’on le fasse venir à sa table. S’il y avait un vénérable philosophe qui passait par Philadelphie ou bien un homme de science considéré, un nouvel inventeur prometteur, ces hommes étaient aussi invités. Des femmes venaient parfois à ces dîners aussi, si elles étaient les épouses de penseurs respectés, les traductrices d’importants livres ou d’intéressantes actrices en tournée en Amérique. […] Les convives devaient s’attendre à être interrogés, défiés, provoqués. Ceux qui étaient connus comme des adversaires étaient placés côte à côte. Les croyances les plus précieuses étaient mises en pièce dans des conversations qui étaient plus sportives que courtoises. Certains notables quittaient White Acre avec l’impression d’avoir subi les pires indignités. […] Alma avait été accueillie à cette table de joutes dès ses quatre ans, et elle était souvent assise près de son père.


plldpLu aussi par Claudialucia. Mon choix du mois pour le Prix des lecteurs du Livre de Poche.

24 commentaires sur « Elizabeth Gilbert, L’empreinte de toute chose »

  1. Je serai intéressée par les thèmes que tu pointes mais il est vrai qu’une lecture de 800 pages, ça ne s’improvise pas. Disons que ce n’est pas la bonne période ( un pavé de l’été ? )
    ( je n’ai pas lu le livre mais je me souviens du film  » Mange, prie, aime « , comme d’une fraîche et petite parenthèse pour moi quand je l’ai vu :))

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    1. Pour se lancer dans 800 pages, mieux vaut être convaincue. Remarque, pour un roman que je n’ai pas choisi moi-même, je n’ai pas calé et j’ai plutôt apprécié.

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  2. J’ai adorai suivre le destin d’Alma, une femme fabuleuse qui se remarque des autres femmes de son époque. Effectivement, le livre est assez épais mais il se passe tellement de choses que je ne me suis jamais ennuyée.

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  3. J’ai été par contre complètement passionnée par ce livre que j’ai dévoré comme un polar. Je l’ai trouvé brillant sur la place ou la non-place des femmes scientifiques au XIXe siècle. Sur la découverte en même temps de la théorie de l’évolution par les trois personnages et par l’énorme travail fait par l’auteure pour faire comprendre la démarche intellectuelle qui conduit à cette découverte. Et ce qu’était d’être une femme intelligente à l’époque, la difficulté de trouver un compagnon à sa mesure. Franchement j’ai été agréablement surprise par l’auteure..

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    1. J’ai vu ton billet sur l’histoire des femmes scientifiques et la littérature. Ce roman avait tout pour te plaire. Je lui trouve beaucoup de qualités, je l’aurais préféré un peu plus « resserré ».

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  4. Je l’ai lu lors de sa sortie en grand format. Comme toi, j’ai aimé malgré les longueurs. Certains passages m’avaient passionnés et j’avais apprécié qu’un livre imagine le destin d’une femme scientifique (c’est relativement rare, il me semble).

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    1. J’ai trouvé aussi certains passages passionnants, mais le rythme de lecture un peu lent… (question de goûts personnels). Ce serait intéressants de recenser les livres sur des femmes scientifiques. Anis de Littérama en parle aujourd’hui.

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  5. toujours pas terminé, un peu long quand même mais oui des bons passages. Ce mois n’était pas un super mois de lecture pour le prix des lecteurs je trouve. Vote par défaut également pour moi mais vraisemblablement pour le fakir pour le style un peu plus à-part!

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    1. Beaucoup d’aspects sont très intéressant dans ce roman, l’éducation de la jeune Alma, son caractère, ses découvertes, même la vie de ses proches ne manque pas d’éveiller la curiosité.

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