Gaëlle Josse, Le dernier gardien d’Ellis Island

derniergardiendellisL’auteur : Gaëlle Josse est diplômée en droit, en journalisme et en psychologie clinique. Venue à l’écriture par la poésie, Gaëlle Josse publie son premier roman Les heures silencieuses en 2011, suivi de Nos vies désaccordées en 2012 et de Noces de neige en 2013. Ces trois titres ont remporté plusieurs prix, dont le Prix Alain-Fournier en 2013 pour Nos vies désaccordées. Le dernier gardien d’Ellis Island est son quatrième roman.
176 pages
Editions : Noir sur Blanc (avril 2014)

 

Le titre n’est pas mensonger, Le dernier gardien d’Ellis Island est bien l’histoire d’un homme et d’un seul, pourquoi ai-je alors imaginé une fresque avec d’innombrables candidats à l’installation aux Etats-Unis, dont les visages défileraient dans ce roman ? John Mitchell est le dernier directeur d’Ellis Island, plutôt qu’un simple gardien, il est petit à petit arrivé à un poste de responsabilité, et c’est à lui que revient de superviser les derniers instants du centre d’accueil et de tri des immigrants, avant sa fermeture en 1954. Pendant les neuf jours où il reste seul, à vérifier que tout est prêt à être laissé sur l’île, John revient, par écrit, sur le bref récit de sa vie, sur la femme qu’il a aimée et épousée. Mais aussi, sur son attirance pour Nella, une jeune femme sarde arrivée par bateau avec son frère.
Malheureusement, je n’ai pas été convaincue par l’ensemble du roman qui m’a peu touchée. Je pense que les motivations du personnage principal me sont restées étrangères, pas seulement à cause de son comportement pour le moins ambigu à un certain moment. Je crois aussi que j’ai peu d’attirance pour les gens qui vivent exclusivement dans le passé, et qui se complaisent dans le remords autant que dans le regret. Cette forme de récit de souvenirs amers a peu de prise sur moi. J’ai par contre aimé les parties plus historiques sur Ellis Island, quoiqu’elles n’aient fait que réactiver des faits que je connaissais déjà, et que, de plus, elles m’ont paru légèrement plaquées sur l’histoire de John Mitchell.
Depuis le temps que je lisais des avis des plus positifs sur les romans de Gaëlle Josse, ce premier roman lu me fait penser que je ne suis pas très sensible à son univers. Rien à redire à l’écriture, plutôt agréable à lire.

Extraits : Ils m’ont prévenu qu’il arriveraient, très tôt, vendredi prochain, 12 novembre. Nous ferons le tour de l’île et nous procéderons à l’état des lieux. Je leur remettrai toutes les clés que je possède, portes, grilles, entrepôts, remises, bureaux, et je repartirai avec eux vers Manhattan.

 

Oui, c’est par la mer que tout est arrivé, par ces bateaux remplis de miséreux tassés comme du bétail dans des entrepôts immondes d’où ils émergeaient, sidérés, engourdis et vacillants, à la rencontre de leurs rêves et de leurs espoirs. Je les revois. On parle toutes les langues ici. C’est une nouvelle Babel, mais tronquée, arasée, arrêtée dans son élan et fixée au sol. Une Babel après son anéantissement par le Dieu de la Genèse, une Babel de la désolation, du dispersement et du retour de chacun à sa langue originelle.

Parmi de nombreux avis : Aifelle, Delphine, Micmélo qui n’a pas été séduite non plus, Séverine et Sylire

Enregistrer

50 commentaires sur « Gaëlle Josse, Le dernier gardien d’Ellis Island »

    1. C’est une chose qui arrive souvent, et les éditeurs devraient y songer… Quoique je ne pense pas qu’il s’agisse de services de presse dans ce cas, juste d’une osmose entre l’auteure et un bon nombre de blogueuses.

      J’aime

  1. Tu avais prévenu que tu n’avais pas aimé.
    Pour ma part, j’ai trouvé que l’écriture était très belle, précise. Et, en fait, même si tout est centré sur le personnage du directeur, il me semble qu’à travers lui et quelques personnages choisis, on voit passer tous ces migrants porteurs d’espoirs parfois cruellement déçus…

    J’aime

    1. Je n’ai vraiment rien contre l’écriture, elle est concise, comme j’aime… mais ce thème de l’immigration, qui m’intéresse, m’a paru effleuré ici, et je n’ai rien ressenti des atermoiements du directeur du centre. Lesdits affres sont centraux, et pour moi, ont occulté le reste.

      J’aime

    1. Je comprends aussi que quand on a aimé le premier roman d’un auteur, qu’on le suit régulièrement, on ne reçoit pas ses livres de la même façon que quelqu’un qui ne lit que des avis positifs, et qui se lance sans trop savoir si ça lui plaira… 🙂

      J’aime

  2. Comme toi, j’attendais beaucoup de ce titre … Et puis … Un petit flop ! A tout centrer sur un personnage renfermé sur lui-même et son passé, le roman ne prend pas d’ampleur, l’arrière plan historique est très ténu, et comme tu le dis, comme plaqué. C’est pourtant une auteure que j’apprécie (une des rares parmi les auteures françaises actuelles), et j’avais adoré « les heures silencieuses » !

    J’aime

  3. En effet, nous faisons parties du même club, mais en lisant les commentaires, je vois qu’il est un peu plus grand quand même 😉

    J’aime

  4. Val aussi avait été déçue par ce roman, et du coup j’hésite à le lire (en plus j’aurais peur que Gaëlle Josse lise ma chronique et ça me bloque). Je sais à présent pourquoi tu es hermétique à Modiano, si tu n’aimes pas les romanciers qui restent exclusivement dans le passé, je comprends pourquoi tu t’es ennuyée à la lecture de Villa Triste (bien sûr je ne t’en tiens pas grief malgré mon statut de Modianette). Ceci dit si l’histoire du Dernier Gardien est tournée vers le passé, tu peux néanmoins essayer « nos vies désaccordées », dans lequel tu retrouveras le joli style de Gaëlle Josse, et qui regarde moins (mais un peu quand même) en arrière.

    J’aime

    1. C’est bien possible (quoique pas certain) que l’auteure ait lu ma chronique, mais j’ai dit ce que je pensais, en essayant de rappeler notamment dans les commentaires, que ce n’est que mon avis. Je me doute que ce n’est pas agréable à lire, toutefois. Peut-être aurais-tu un avis opposé, et tu peux toujours ne pas en parler du tout ! 😉

      J’aime

  5. Bonsoir Kathel,
    J’ai eu l’occasion d’aller sur l’île d’Ellis Island et de visiter son musée: une expérience émouvante. Malgré tes réserves, j’ai noté le roman mais pas pour tout de suite.

    J’aime

    1. Moi aussi, j’ai visité le musée d’Ellis Island en 2009… J’en ai gardé un souvenir très ému, mais je n’ai pas vraiment retrouvé cela avec ce roman.

      J’aime

  6. Bonjour. Je me demande si kathel2 ne s’est pas trompée de livre -et d’une certaine manière en convient là où elle indique avoir imaginé « une fresque avec d’innombrables candidats à l’installation aux Etats-Unis, dont les visages défileraient dans ce roman ». De tels ouvrages, existent, et après tout, les ‘Récits d’Ellis Island’ de Georges Perec tiennent encore bien la route… Sauf erreur de ma part, Gaëlle Josse a tout simplement ici entrepris : de raconter une histoire ; dont Ellis Island n’est « que » le décor.

    J’aime

    1. Bonjour, Luc Nemeth a certainement raison, Ellis Island n’est que le décor, et j’exprime une certaine déception à ce sujet… j’ai bien remarqué que cela n’avait pas empêché d’autres lecteurs ou lectrices d’adorer ce roman. Comme on dit, je suis passée à côté.
      Merci pour le titre de Georges Perec, qui devrait être à la bibliothèque.

      J’aime

Répondre à Mior Annuler la réponse.