William Giraldi, Aucun homme ni dieu

aucunhommenidieuL’auteur : William Giraldi est un romancier américain du Connecticut, collaborateur de la New York Book Review. Paru en 2011, son premier roman, titré Busy Monsters, a remporté un beau succès. Aucun homme ni dieu est son premier roman traduit en français.
311 pages
Éditions Autrement (janvier 2015)
Traduction : Mathilde Bach
Titre original : Hold the dark

Je crois que j’ai enfin trouvé ma première pépite de l’année en cours ! Quand un auteur réussit à mélanger à la perfection une histoire qui nous attrape et ne nous lâche plus, des personnages peu communs, une écriture pleine de sensibilité et de force, que demander de plus ? Un paysage à la rudesse extrême ? On l’a aussi !
Dans ce roman, William Giraldi, dont c’est le premier roman traduit en France, nous démontre à quel point est ténue la frontière entre l’humain et l’animal.
Cela commence en Alaska, dans un village éloigné de tout, où trois enfants disparaissent enlevés par des loups. Les villageois se lamentent, la police ne peut rien faire, seule une mère, Medora Slone, fait appel à Russell Core. Il n’est ni policier, ni enquêteur, ni dresseur de loups, il est simplement un romancier qui a écrit à propos des loups. Comme plus rien ne le retient chez lui, il se rend à Keelut. Ce qui l’incitera à y rester plus longtemps que prévu, ne croyez pas que je vais vous le raconter !
Le jeune auteur réussit à merveille à créer un village que l’on sent, viscéralement, hors du monde. Plus on avance dans la lecture, plus cette impression grandit. Peut-être parce que j’avais envie qu’il soit purement imaginaire, et que dans aucun endroit sur terre, il ne soit aussi peu envisageable de vivre. Pas à cause de la nature inhospitalière, des loups qui rôdent, mais à cause des êtres humains. Le personnage de Vernon Slone, le père du petit garçon disparu, lancé dans une quête sanglante, suffirait à cristalliser toutes les angoisses liées à ce que l’homme est capable de faire.
C’est rude, angoissant, glaçant, et ça ne ressemble à aucun autre roman déjà lu, sauf peut-être Au nord du monde de Marcel Theroux… ceux qui l’ont lu sauront que c’est la meilleure référence qui soit ! J’ajoute que la traductrice mérite qu’on applaudisse son travail !

Les premières lignes : Les loups descendirent des collines et prirent les enfants de Keelut. Le premier enfant disparut alors qu’il tirait sa luge sur les hauteurs du village. La semaine suivante, une autre fut enlevée tandis qu’elle longeait les cabanes près de l’étang gelé. Et voilà qu’au milieu des volutes blanches de l’hiver, un troisième était arraché à leur village, celui-ci sur le seuil même de sa maison. Sans un bruit – nul cri, d’homme ou de loup, pour témoin.
Toutes les femmes étaient affolées, celles qui avaient perdu leurs enfants, inconsolables. La police arriva de la ville un après-midi. Ils griffonnèrent des lignes sur des blocs-notes. Semblèrent désireux d’aider, mais ne revinrent jamais. Hommes et femmes se mirent alors à patrouiller dans les collines, à la lisière du village, fusils à la main. Les aînés eux-mêmes escortèrent les enfants, pistolets au poing, jusqu’à l’école ou l’église.

Elles admirent aussi : Aifelle, Ariane, Clara, Dominique, Sandrine, Val  et Véronique .

Non-challenge des pépites de Galéa.

42 commentaires sur « William Giraldi, Aucun homme ni dieu »

  1. Toi aussi, tu es tombée sous le charme. Je me laisserais bien tenter…

    PS: @Aifelle : stp, passe nous redire quand le billet de cette personne sera en ligne car je serais curieux de prendre connaissance d’un avis discordant avant de fixer mon choix.

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    1. Tu as la réponse ci-dessous ex-ICB ! Brize s’est reconnue 😉 Elle va se sentir seule sur ce coup-là, mais il en faut toujours une .. et il y en aura d’autres, je pense que c’est le genre de roman qui divise, même si jusqu’à présent les avis ont été positifs.

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      1. C’est vrai que les quelques fois où je me suis retrouvé dans cette situation, ça ressemblait fort à une double peine : non seulement tu es hyper déçu(e) par ce qui s’annonçait comme un beau moment de plaisir mais en plus tu te retrouves frustré(e) de ne pas pouvoir partager ton enthousiasme avec les autres…

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    2. Tu peux te laisser tenter, Laurent, il a tout pour te plaire ! Désolée, mes réponses tombent au petit bonheur la chance dans cette conversation, très intéressante ! 😉

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  2. J’ai adoré aussi. Un auteur à suivre. Je n’ai lu que des avis très enthousiastes je serai donc curieuse de lire l’avis négatif dont parle Aifelle.

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    1. C’est sûr qu’il n’a pas la dimension post-apocalyptique de Au nord du monde, mais il a beaucoup d’autres atouts à mes yeux : l’écriture, le léger flottement (je ne sais pas dire mieux) entre réalisme et poésie…

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    1. C’est sûr que c’est une lecture marquante… j’ai aimé que l’auteur reste toujours sur la limite, très ténue, entre conte et réalisme le plus noir…

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  3. Un article de Livres Hebdo avait déjà attiré mon attention sur ce livre. Puis il y eut le billet élogieux d’Aifelle, je crois, ou de Clara… ou les deux ! Bref, tu le remets sous les feux de la rampe. Je crois que je vais finir par craquer !

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      1. Oui, mais depuis j’ai lu le commentaire de Brize et j’avoue être un peu refroidie par le caractère ultraviolent. A moins qu’il ne s’agisse « que » de tension psychologique, et là je dis « oui », mais sinon j’ai du mal à supporter la surenchère dans la violence…

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  4. rho la la, mais n’en jetez plus les filles. Je me souviens du billet d’Aifelle (l’un des personnages revient de la guerre non? ou je confonds?), j’avais retenu un livre quand même très très sombre , pas seulement dans l’ambiance ou l’environnement, mais vraiment sur la nature humaine (ce que tu confirmes). Je me trompe si je dis que j’ai le sentiment que ce qui t’a aussi plu, tu ne nous le dis pas dans le billet?
    Bon j’ajoute avec plaisir ta participation au non-challange, même si la lectrice chochotte que je suis tremble quand je lis « rude, angoissant et glaçant ».
    Merci de ta participation 😉

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    1. Oui, tu as raison, l’un des personnages revient de la guerre. J’ai essayé de ne pas trop en dire, à mon habitude, même concernant ce qui m’a tellement plu. Quoique de ce côté, c’est surtout que les mots me manquaient ! 😉
      Quand à la dureté du roman, oui, il vaut mieux être prévenu !

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