Isabelle Stibbe, Bérénice 34-44

berenice3444L’auteur : Née en 1974, Isabelle Stibbe a étudié le droit international. Elle travaille à la communication d’institutions comme la Comédie-Française et le Grand Palais. Aujourd’hui, elle est secrétaire générale de l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet et enseigne à l’Institut d’études théâtrales de l’Université Paris III.
358 pages
Éditeur : Le Livre de Poche (2014)

Passionnée par le théâtre depuis sa plus tendre enfance, Bérénice n’a cependant pas l’aval de ses parents, qui la verraient plutôt institutrice ou secrétaire. La sympathique histoire de l’origine de son prénom ne va pas jusqu’à les faire accepter une telle vocation. Dès 1934, avec l’aide d’une cliente de ses parents, elle tente l’entrée au Conservatoire. On peut certes trouver que les portes s’ouvrent plutôt facilement devant la jeune fille, et trouver Bérénice déjà très mûre pour ses quinze ans, jusqu’à quitter ses parents avec la plus grande facilité, et subvenir presque seule à ses études. Mais c’est la force de sa vocation qui est montée ainsi. Cependant la douleur cachée de la jeune femme, celle qu’elle ne s’était pas permise de s’avouer avant, reviendra à un moment la toucher. Les plus beaux passages du début du roman, et les plus nombreux aussi, sont ceux sur le théâtre, sur l’opéra, sur les sentiments qu’inspire le spectacle vivant, sur les personnages qui font la renommée du Conservatoire et de la Comédie-Française. Ah, la classe de Conservatoire de Jouvet !
La deuxième partie du roman, sous l’Occupation, devient plus dramatique, et gagne encore en force. L’auteur a vraiment une jolie plume qui emporte, même si le thème ne vous parle pas a priori, et qui déclenche même une envie irrépressible d’en savoir plus sur le sujet. On sent la documentation plus que solide sur l’art et le théâtre, en particulier la Comédie-Française sous l’Occupation, mais sans jamais, je vous l’assure, avoir l’impression d’un étalage d’érudition. C’est un livre qui laisse son empreinte, qui ne se laisse pas quitter facilement, encore un très beau premier roman.
A noter : mieux vaut ne pas lire la quatrième de couverture pour garder un œil neuf sur le roman.

Extrait : Elle n’avait plus envie de parler. Ses mains étaient devenues moites en pensant aux comédiens qui allaient entrer en scène, qui se trouvaient là à deux pas, en coulisses, se préparant, regardant peut-être par un trou du rideau la salle se remplir peu à peu. Elle était avec eux, elle était de leur côté, leur trac était le sien. Sans s’en rendre compte, elle venait d’introduire le sacré dans cette enceinte rouge et or.

plldpLu aussi par Anis de Littérama, Eimelle, Sharon et Charlotte.

Mon choix pour le mois de mars du Prix des Lecteurs du Livre de Poche.

33 commentaires sur « Isabelle Stibbe, Bérénice 34-44 »

    1. Vraiment, je me suis bien coulée dans ce roman, et si j’ai préféré le début, la fin ne m’a pas déçue. L’auteur n’en fait pas trop, ne rajoute pas de mélo inutile…

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    1. Ce n’est pas grave, des articles de presse ou billets en diraient plus, mais j’aime bien ne pas trop en savoir, et j’imagine souvent que tout le monde est comme moi !

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  1. Je commence à le voir un peu partout sur les blogs ce roman…la couverture n’est pas très engageante pour moi mais le sujet me tente bien! A voir si je tombe dessus!

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  2. Je l’avais noté à sa sortie en 2013 et avait même tenté de l’obtenir par Babélio (en vain) moi tout me parle dans ce livre, et j’ai absolument envie de le lire, et si en plus tu dis qu’il est hyper documenté, et qu’on sent que l’auteur a travaillé le sujet avant de le mettre en fiction, je trépigne d’impatience!!!!!!
    (est -ce que je peux espérer que ce que tu dis sur l’origine de son prénom ait à voir avec Racine « et que le jour commence ou que le jour finisse
    « sans que jamais Titus ne revoie Bérénice » -ou quelque chose d’approchant-
    Parce que si c’est ça je signe un contrat d’amour avec l’auteur)

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  3. J’étais très tentée par ce roman, mais j’ignorais qu’il était sorti en poche. A chercher donc à la librairie… Ce qui m’intéresse c’est le thème de la Comédie française sous l’occupation, mais j’aime bien l’idée de romancer tout ça en mêlant personnages de fiction et personnages réels. La seule chose qui m’inquiète un peu c’est ce découpage en deux parties très différentes, mais je verrai bien !

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