Chimamanda Ngozi Adichie, Americanah

americanahL’auteur : Chimamanda Ngozi Adichie est née en 1977 au Nigeria et a grandi dans la ville universitaire de Nsukka. À 19 ans, elle quitte le Nigeria pour les États-Unis, où elle suit des études de communication et de sciences politiques. Elle obtient un maîtrise d’études africaines à l’université de Yale en 2008. Ses nouvelles sont publiées dans de nombreuses revues littéraires. Son premier roman, L’hibiscus pourpre, a été sélectionné pour l’Orange Prize et pour le Booker Prize. L’autre moitié du soleil a reçu l’Orange Prize. Chimamanda Ngozi Adichie vit au Nigeria.
523 pages
Éditeur: Gallimard (2015)
Traduction (de l’anglais) : Anne Damour
Titre original : Americanah

Le chemin était tout tracé pour me faire lire Americanah après les excellents L’hibiscus pourpre et L’autre moitié du soleil. Le premier relate l’adolescence d’une jeune fille nigériane et son frère, dans une famille de chrétiens fondamentalistes. Le deuxième est un très beau roman sur deux sœurs jumelles que tout oppose, et qui se situe pendant la guerre du Biafra.
On parle beaucoup plus ces derniers temps d’Americanah, aussi ne serai-je pas spécialement prolixe à propos des cinq cent pages de ce dernier roman. Une jeune femme prénommée Ifemelu y revient au Nigéria après une quinzaine d’années aux États-Unis. S’il n’a pas été facile pour elle d’obtenir une carte verte, ni de prendre ses repères dans ce pays, elle est maintenant à l’aise dans son rôle de blogueuse, qui s’intéresse au thème de la race et pointe les comportements discriminants à l’encontre des afro-américains, ou encore des africains vivants en Amérique.
Son retour va être probablement pour elle l’occasion de revoir son amour de jeunesse, Obinze, rentré lui aussi depuis plusieurs années au pays, après une tentative d’immigration en Angleterre. Comme dans les deux romans précédents de l’auteur, les milieux évoqués sont les classes moyennes, urbaines, des villes universitaires en particulier. Le Nigeria est un grand pays, et les différences sont énormes entre le sud urbain, de religion majoritairement chrétienne, et le nord-est musulman, rural et pauvre, où sévit l’épouvantable secte Boko Haram. Le Nigeria est malheureusement à la une de l’actualité en ce moment, et pas pour de bonnes raisons (un très bon dossier et une vidéo sur le site du Monde Afrique)
En tout cas, Chimamanda Ngozi Adichie est une auteure reconnue au Nigeria, et à juste titre, elle excelle à faire vivre des personnages forts tout en traitant de thèmes très intéressants. Le dépaysement et les difficultés en tous genres des africains aux États-Unis ou en Europe, même s’ils ne sont pas issus de familles très défavorisées, sont réels et très bien décrits dans ce roman qui cache aussi une belle histoire d’amour.

Extrait : Alexa, et les autres invités, peut-être même Georgina comprenaient tous la fuite devant la guerre, devant la pauvreté qui broyait l’âme humaine, mais ils étaient incapables de comprendre le besoin d’échapper à la léthargie pesante du manque de choix. Ils ne comprenaient pas que des gens comme lui, qui avaient été bien nourris, n’avaient pas manqué d’eau, mais étaient englués dans l’insatisfaction, conditionnés depuis leur naissance à regarder ailleurs, éternellement convaincus que la vie véritable se déroulait dans cet ailleurs, étaient prêts à commettre des actes dangereux, des actes illégaux, pour pouvoir partir, bien qu’aucun d’entre eux ne meure de faim, n’ait été violé, ou ne fuie des villages incendiés, simplement avide d’avoir le choix, avide de certitude.

Les avis de Clara, Hélène, Leiloona, Micmelo, Papillon.

55 commentaires sur « Chimamanda Ngozi Adichie, Americanah »

    1. J’ai été étonnée de pouvoir réserver rapidement ce roman tout frais sorti ! Ses deux autres romans sont très bien aussi (il me reste ses nouvelles à découvrir)

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  1. Alors, je sais bien que je suis vraiment seule à émettre des réserves sur ce livre… Mais si je l’ai trouvé très intéressant sur bien des aspects, je l’ai aussi trouvé trop long. J’ai mis plus de 100 pages à rentrer dedans et il y a des moments où je trouvais ça un peu trop bavard (pas au point toutefois d’interrompre ma lecture).

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  2. je l’ai feuilleté deux fois : en librairie et puis en bibliothèque mais je ne suis pas très tentée, j’ai trouvé l’écriture peu agréable à suivre mais peut être était ce un mauvais passage du livre

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  3. Ton billet me rappelle qu’il faut que je réserve ce livre à la bibliothèque. Hop, je remplis le petit formulaire qui va bien et qu’est-ce qu’il me répond le formulaire ?! « aucune réservation possible »… Ben c’est bien ma veine… Ça doit être parce qu’il y en a déjà trop 😦

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  4. Je vais le lire bien sûr! C’est drôle ce que dit Valérie car moi, je l’avais eu dans le Prix Elle en 2005, pour son premier roman, L’hibiscus pourpre. J’avais beaucoup, beaucoup aimé, je m’en souviens encore.

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    1. Moi aussi, pour un livre lu il y atout de même quelques années, à sa sortie en poche, je m’en souviens bien. Je me souviens aussi m’être demandé si c’était autobiographique, eh bien, pas du tout !

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  5. On vient de m’e prêter un en anglais, je ne sais plus lequel. J’ai d’autres priorités pour l’instant mais ton billet sur cette auteure me donne envie de faire monter le mien de quelques crans dans ma PAL.

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  6. Je t’ai connue plus enthousiaste Kathel, ce n’est pas que tu en dises du mal , mais je trouve ton billet moins élogieux que ceux d’autres blogueuses. Je l’ai noté dès sa sortie mais peut-être attendrais-je la sortie en poche.

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  7. ok il me manquait ton dernier paragraphe et l’extrait, je trouvais que tu finissais très abruptement ton billet. C’est bon. Autant pour moi.

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    1. Ah oui, sans le dernier paragraphe, c’était moins positif. Si, j’ai bien aimé, mais toujours pas le coup de cœur attendu… Je deviens trop difficile ! 🙂

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  8. J’ai beaucoup aimé découvrir le pays et tout ce qui concerne les relations entre les différentes catégories de personnes aux Etats Unis, assez passionnant!

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  9. Pour moi c’est quasi un coup de cœur ! Ou alors c’est parce que ça faisait un moment que je n’avais pas apprécié un bon gros roman…
    (et j’ai choisi le même extrait, emblématique des questions qu’elle pose au fil du roman)

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