Louise Doughty, Portrait d’une femme sous influence

portraitdunefemmeL’auteur : Née en 1963 en Angleterre et résidant à Londres, Louise Doughty est romancière, critique littéraire et dramaturge. Elle est l’auteur de sept romans. Après Je trouverai ce que tu aimes, sélectionné pour le Costa Book Award, l’Orange Prize et le London Book Award, Portrait d’une femme sous influence est son deuxième roman à paraître en français.
382 pages
Editeur : Belfond (février 2014)
Traduction : Pascale Haas
Titre original : Apple tree yard

Une légère panne de lecture m’a fait sortir ce roman de mon panier à lire où il attendait depuis que je l’ai gagné à un concours… Rien de tel quand rien ne passe que de choisir un livre qu’on est presque sûr de ne pas aimer ! Ne cherchez pas, il n’y a pas de logique à ça. Finalement ce roman s’est avéré surprenant et pas du tout tel que je m’y attendais, bien plus fin psychologiquement aussi…
Dès le début, on apprend que la narratrice, Yvonne, est face à un jury populaire, mais pour quels faits et quel est son mystérieux coaccusé, on ne l’apprend que petit à petit. La construction parsème savamment le récit d’Yvonne d’informations, afin de ne pas en dévoiler trop, jusqu’aux révélations finales, et je peux vous assurer que l’effet page-turner est incontestable… Un petit week-end suffit pour avaler les 380 pages ! Si on doit le rattacher à un genre, c’est le suspense psychologique qui lui convient le mieux. Tout ne se passe pas lors du procès, par un retour en arrière Yvonne narre la rencontre inattendue qui va pousser la sage scientifique à la passion, à l’infidélité. Jusqu’à un événement qui la frappe et la laisse comme sidérée, et bouleverse sa vie.
Ça fait un peu mélo dit comme ça, mais c’est vraiment bien fait, et il est impossible de ne pas se demander ce que l’on ferait à la place d’Yvonne, qui tente de s’expliquer à elle-même, et de faire comprendre à ses proches, ce qui lui est arrivé. L’écriture est fluide et mène avec dextérité jusqu’aux révélations finales.
Ce n’est certainement pas le roman de l’année, mais vraiment une bonne surprise et une parenthèse de lecture londonienne bien agréable : le titre original Apple Tree Yard fait en effet référence à une ruelle du centre de Londres qui aura une importance fatale lors du procès.

Extrait : C’est cette lenteur en tout qui est fatigante : là, on est immergés dans le procès, accablés de détails. Les jurés se sentent étouffés. Ils ne comprennent pas plus que moi où veut en venir cette jeune femme.
Et dans le box lambrissé de bois, derrière l’épaisseur des vitres en verre trempé, il y a toi : mon coaccusé. Avant qu’on m’appelle à la barre, nous étions côte à côte, bien que séparés par deux agents du tribunal assis entre nous. On m’a conseillé de ne pas te regarder pendant qu’on interrogeait les témoins – j’aurais l’air d’être ta complice, m’a-t-on dit. Pendant que je témoignais moi-même à la barre, tu m’as regardée, simplement, sans émotion, et ton regard serein, presque vide, m’a fait du bien, car je sais que tu me veux forte. Je sais que me voir là toute seule debout, scrutée et jugée, éveillera en toi un sentiment protecteur. Et si ton regard en apparence lointain peut sembler absent à ceux qui ne te connaissent pas, je t’ai déjà vu l’avoir en plusieurs occasions. Aussi je sais ce que tu penses.

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23 commentaires sur « Louise Doughty, Portrait d’une femme sous influence »

  1. la première de couv et le titre suggèrent du moyen-moyen, et puis finalement…comme quoi même en littérature il faut se méfier des apparences…

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  2. Je n’aurais acheté ce livre en français vu a couverture. Je l’ai pris par hasard en Angleterre mais c’est une sacrée bonne surprise. Je suis en cours de lecture.

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  3. Bon, voilà, je l’ai lu. J’ai été bien accrochée, finement construite cette histoire. J’ai eu un petit coup de mou pendant le procès, mais rien de grave. Un livre qui amène le lecteur/la lectrice à se poser beaucoup de questions, en effet…

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