L’auteur : Joseph Boyden a des origines mêlées, irlandaises, écossaises et indiennes. Adolescent il est inscrit chez les jésuites, à la Saint Brebeuf High School de Toronto, puis au Northern College de Moosonee où il termine ses études littéraires. Il part pour le sud des États-Unis, il y sera tour à tour musicien dans un orchestre ambulant, fossoyeur ou barman. Il est l’auteur du Chemin des âmes et des Saisons de la solitude (couronné par le prestigieux Giller Prize). Traduit en une vingtaine de langues, il est l’un des romanciers canadiens les plus importants d’aujourd’hui. Il partage son temps entre la Nouvelle-Orléans, où il vit et enseigne, et le nord de l’Ontario.
608 pages
Editeur : Albin Michel (janvier 2014)
Titre original : The orenda
Traduction : Michel Lederer
Juste avant de commencer ce livre, j’ai eu une crainte, qu’il ne soit à peu de choses près une variation sur le thème du roman précédent de l’auteur, Les saisons de la solitude, qui m’avait très légèrement laissée sur ma fin, après le magnifique Chemin des âmes. Voulant garder intactes les premières impressions sur ce nouveau roman que je n’aurais pour rien au monde raté, je n’ai pratiquement rien lu le concernant. Je me suis donc retrouvée en plein XVIIème siècle, lorsque les missionnaires jésuites commencèrent à s’immiscer en Nouvelle-France pour tenter de convertir les populations locales. Leur intérêt se porta d’abord sur les groupes d’agriculteurs dont le mode de vie paraissait plus proche de celui des français, plutôt que les chasseurs. C’est ainsi qu’ils tentèrent d’approcher les Hurons et de les convertir.
Trois voix alternent dans ce roman, celle d’un jésuite « pionnier », un des tout premiers « Corbeaux » à entrer en territoire indien, celle de Chute-de-Neige, une toute jeune fille enlevée par une tribu ennemie, celle d’Oiseau, chef de cette tribu de Hurons.
Les points de vues, les sentiments, la spiritualité de chacun est ainsi vécue de l’intérieur d’une manière étonnante. Que cela ne vous laisse pas croire qu’il s’agit d’un livre contemplatif, vraiment pas, les évènements s’y succèdent sans laisser le temps de reprendre pied. Pour les âmes sensibles, sachez que les actes qui sont perpétrés entre ces pages sont parfois insoutenables (j’ai laissé deux ou trois fois glisser mon regard un paragraphe plus bas pour les éviter) mais vraiment pas de manière gratuite. Hurons et iroquois se menaient une guerre impitoyable, et de par leurs traditions, avaient à cœur de montrer le courage de leurs adversaires en les poussant jusqu’aux dernières limites de la douleur. L’auteur, dans un entretien que j’ai lu, avoue avoir hésité à décrire ces séquences, mais s’être senti obligé de ne pas les passer sous silence. Les scènes de vie quotidienne, d’entraide, de respect mutuel, d’amitié, viennent heureusement en atténuer le choc.
L’aspect historique m’a semblé parfaitement bien documenté, et je me suis prise d’intérêt autant pour les cultures pratiquées (les « trois soeurs » maïs, courge et haricot), que pour la création d’un village pour les premiers colons, le commerce des peaux et des armes, les épidémies qui touchèrent les indiens, les querelles fratricides, l’influence grandissante des jésuites ou les relations qu’ils faisaient de leurs expériences au Canada. La fin, d’un réalisme des plus angoissants, laisse bouche bée et le cœur battant…
Terriblement bien écrit, bien construit, c’est une fresque bouleversante, un hymne aux populations natives du Canada, un très grand roman !
Extrait (par la voix de Chute-de-Neige, à propos du jésuite) : Il a les mains derrière le dos, comme prisonnier de son propre fait. Le collier du Corbeau miroite, et je me demande ce qu’il peut bien se raconter. Est-il fou ou s’entretient-il vraiment avec quelqu’un que je ne vois pas ? Chez cette créature de haute taille, émaciée, je devine un pouvoir que je ne veux pas reconnaître. Il n’a peur de rien de ce qui l’entoure, et c’est certes stupide, mais dans le même temps, cela montre, comme le formulerait Petite Oie, qu’il pense que ce qui devra lui arriver arrivera quoi qu’il fasse pour l’en empêcher. Il avance à grandes enjambées, comme si le chemin était déjà tracé devant lui.
Le village reconstitué de Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons (colonie créée par les Jésuites en Ontario).
J’ai hésité, l’aspect « pavé » m’a un peu rebuté et pourtant j’avais beaucoup aimé Le chemin des âmes. Mince, je regrette maintenant…
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Il n’est jamais trop tard… 😉
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Un agréable « retour aux sources », donc. Comme à mon habitude avec un auteur « fétiche », je me suis rué sur la VO sans même savoir de quoi il retournait… ni même avoir jeté un oeil sur le nombre de pages ! Maintenant que la VF est parue, je me demande si je ne vais pas jouer la solution de facilité et et le lire en français…
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Ce ne doit pas être facile à lire en anglais, mais en même temps, ça peut adoucir un peu les scènes difficiles…
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Ton billet sait donner envie en tout cas. L’aspect historique m’intéresse particulièrement dans ce que tu en dis.
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Cet aspect est particulièrement bien traité, sans que cela ressemble à un exposé historique.
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L’histoire m’aurait intéressée, mais comme j’avais abandonné Le chemin des âmes…
Oui, le côté cruel et pousser l’ennemi à bout, c’est historique! Je comprends que ton oeil glisse sur ces passages…
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Je ferme aussi l’oeil pour ne pas voir que tu as abandonné Le chemin des âmes… 😉
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Il est repéré… Merci pour ce beau billet.
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Merci à toi, Anne !
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Je le lirai c’est sûr, en tout cas, j’essaierai ; j’avais tellement aimé « le chemin des âmes ».
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Dans ce cas, je ne peux que te le conseiller…
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Bel enthousiasme !
Pour le moment, j’ai déjà « Le chemin des âmes » à lire (après « Là haut vers le Nord », que j’avais beaucoup aimé).
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Tu as de la chance de ne pas avoir encore lu Le chemin des âmes !
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les scènes de torture sont dures..
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Même en essayant de les éviter, je le confirme…
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celui là est évidemment noté dès que je mettrai la main dessus
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Il devrait te plaire.
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J’ai adoré « Le chemin des âmes » et beaucoup moins « Les saisons de la solitude », comme toi apparemment. Je vais me laisser tenter par celui-ci en esperant retrouver la puissance et l’émotion de son premier roman .
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Pour moi, la puissance et l’émotion étaient au rendez-vous.
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Tu es arrivé à me convaincre de renouer avec l’auteur.
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J’espère que tu seras satisfaite de ces retrouvailles !
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Je ne suis pas convaincue d’adhérer. Je tenterai peut-être Le chemin des âmes, un jour.
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Je le recommanderai plutôt pour commencer.
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Tout à fait d’accord avec toi.
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Merci Val !
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Je le note, j’ai trop envie de le lire! Et quel est le mieux pour commencer Boyden, le chemin des âmes ou celui-ci?
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Je pense plutôt au Chemin des âmes d’abord… ou les nouvelles Là-haut vers le nord.
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J’attendais d’avoir publié ma note avant de lire attentivement la tienne, de crainte d’être influencée … J’ai beaucoup aimé ce livre, comme tous les autres titres de cet auteur d’ailleurs (même « Les saisons de la solitude ») et je n’ai pas trouvé les scènes de torture insoutenables. Elles permettent de ne pas faire des Indiens de « bons sauvages » et de faire comprendre que le regard occidental ne pouvait pas comprendre, justement, cette valorisation du courage des ennemis, si « sauvage » pour nous. Les regards croisés permettent de relativiser les jugements. Evidemment, c’est un peu « dur » à lire quand même …
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J’ai bien compris le pourquoi de ces scènes, elles ne sont pas gratuites du tout, mais ça ne m’a pas empêché d’essayer de les éviter… Mais quel auteur hors du commun !
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