Mariapia Veladiano, La vie à côté

vieacoteL’auteur : Après des études de philosophie et théologie, Mariapia Veladiano est aujourd’hui proviseur dans un lycée en Italie. Elle collabore avec les journaux La Repubblica, Avvenire, Il Regno. Elle a reçu le prix Calvino en 2010 pour son roman La vie à côté.
224 pages
Editeur : Stock (2013)
Titre original : La vita accanto
Traduction : Catherine Pierre-Bon

Rebecca est-elle une petite fille laide, ou se voit-elle seulement laide dans le regard de ses parents, sa mère dépressive qui l’ignore, son père toujours occupé par son travail et plus inquiet de son épouse que de sa petite fille ? Jusqu’à l’âge d’aller en classe, Rebecca grandit en ignorant même son prénom, mais en comprenant très bien que cette laideur, cette tare jamais décrite dans le roman, sinon par quelques traits mal accordés, la met à part et l’empêche de prétendre aux mêmes activités que les autres enfants. Elle est pratiquement recluse, dans une maison bourgeoise certes, mais recluse tout de même, jusqu’à l’âge de six ans. Une amitié qui naît en classe, et surtout la découverte de ses dons pour le piano, feront évoluer sa situation, et aussi apparaître les non-dits qui brisent sas famille.
Avec une belle écriture, sobre et forte à la fois, une progression sans temps mort entre les moments dramatiques et les passages plus apaisants, à défaut d’être gais, ce premier roman commence très très fort, sur le thème de l’exclusion, vécu par une toute petite fille. J’ai été moins emballée par la fin, les inévitables secrets de famille commençant à me lasser un peu, mais j’ai apprécié l’évolution de Rebecca. L’ensemble laisse une impression de mélancolie mêlée d’une étrangeté touchante, notamment à cause de la grande maison au bord du fleuve, de la passion pour le piano. Il me semble avoir déjà senti cette ambiance dans d’autres romans italiens…
L’entretien avec l’auteur à la Fête du Livre de Bron était très intéressante, d’autant qu’il s’agissait d’un dialogue avec Florence Seyvos, à propos du Garçon incassable. Mariapia Veladiano écrit depuis qu’elle est enfant mais ne cherchait pas à être publiée. Le thème de l’exclusion lui parlait beaucoup en tant qu’enseignante, et en particulier l’exclusion basée sur l’apparence physique, même si elle s’est amusée lors de rencontres en Italie avec des lycéens de s’entendre demander si c’était autobiographique… Un roman pas forcément typiquement italien, mais à découvrir.

  • Citations : Une petite fille laide vit avec prudence, fait en sorte de ne pas causer plus de dérangement qu’elle n’en cause déjà par son apparence. Une petite fille laide ne fait pas de caprices, elle apprend vite à manger sans faire de miettes avec le pain, elle joue en silence en ne déplaçant que le nécessaire.
  • La vie n’est pas un objet précieux à conserver au fil des années. Bien souvent, elle nous tombe dans les mains déjà ébréchée sans que l’on nous donne les morceaux pour la réparer. Parfois, il faut la garder cassée. D’autres fois, au contraire, on peut construire ensemble ce qui manque. Mais la vie est devant, derrière, au-dessus et au-dessous de nous. Elle est là même si tu l’évites et que tu fermes les yeux et serres les poings.

Lu aussi par Argali, Mimi Pinson et Sevandthekid. Vous pouvez aussi écouter l’auteure ici.

22 commentaires sur « Mariapia Veladiano, La vie à côté »

  1. Voilà un roman qui devrait me plaire, mais pas pour tout de suite, car j’ai besoin de gai et de léger… et ça n’a pas l’air vraiment d’être le cas ici…

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