Laurent Gaudé, La mort du roi Tsongor

mortduroitsongorL’auteur : Romancier, nouvelliste et dramaturge né en 1972, Laurent Gaudé publie son œuvre, traduite dans le monde entier, chez Actes Sud. Il est notamment l’auteur de CrisLa mort du roi Tsongor, Le soleil des ScortaEldoradoDans la nuit MozambiqueLa porte des EnfersOuraganLes oliviers du Négus et Pour seul cortège.
Editions Thélème
Lu par Pierre-François Garel
Goncourt des Lycéens 2002
Durée 5h30

Dans une Antiquité jamais nommée ni localisée, les noces de la fille du roi Tsongor, Samilia, avec Kouamé, sont imminentes. Le roi Tsongor est à la tête d’un immense royaume obtenu au fil de conquêtes toujours plus sanglantes, mais désormais il aspire à la paix. C’est alors qu’apparaît un ami d’enfance de la jeune fille, Sango Kérim, qui revient rappeler à Samilia une promesse faite autrefois. De la mort du roi, je ne vous dirai pas davantage, sinon que le fidèle serviteur du roi, Katabolonga, va y jouer un grand rôle et qu’il sera chargé d’une mission par le roi mourant. Dès sa mort annoncée, les deux prétendants se déchirent et provoquent une guerre, alors que l’un des fils part sur les routes, pour honorer aux quatre coins du royaume une promesse faite au roi Tsongor.

Si le début du roman m’a intéressée, si j’ai aimé la découverte des personnages, je n’ai pas réussi à me passionner sur la durée pour ces batailles plus ou moins fratricides. Je ne m’attendais pas à cette réaction, car j’aimé, voire adoré tout ce que j’ai lu de Laurent Gaudé jusqu’alors. Si je n’ai pas trop de souvenirs du Soleil des Scorta, l’écriture, le très beau rythme parfois proche de l’incantation de La porte des enfers, d’Ouragan et de Pour seul cortège m’ont vraiment beaucoup plu. Les thèmes abordés y sont fort sombres, la mort, la trahison ou la vengeance tenant toujours une grande place dans les romans de Gaudé. C’est le cas aussi pour La mort du roi Tsongor, mais là, j’ai fini rapidement par m’ennuyer et considérer comme une corvée de devoir continuer l’écoute. L’apparition de nouveaux personnages, loin de relancer l’histoire, m’a semblé artificielle et ne rien apporter. Je ne pense pas que la diction de Pierre-François Garel soit en cause, même si je trouvais par moments sa voix un peu trop sourde pour mes conditions d’écoute (en voiture).
Bonne nouvelle, j’ai enchaîné sur un autre livre audio qui, lui, a déclenché mon enthousiasme, et dont je vous parlerai très bientôt !

Extrait : « Voilà. Je meurs. Tu vois. Cela mettra un peu de temps. Le sang s’écoulera hors de moi. Je resterai ici jusqu’à la fin. Je meurs. Tu n’as rien fait. Maintenant, je te demande un service. » Tandis qu’il parlait, son sang continuait à se répandre. Une flaque, déjà, coulait à ses pieds. « Le jour va se lever. Regarde. Il ne tardera pas. La lumière paraîtra sur la cime des collines avant que je sois mort. Car il faudra du temps pour que mon sang coule hors de moi. Des gens accourront. On se précipitera sur moi. J’entendrai, dans mon agonie, les cris de mes proches et le vacarme lointain des armées impatientes. Je ne veux pas de cela. La nuit va finir. Et je ne veux pas aller au-delà. Mais le sang coule lentement. Tu es le seul, Katabolonga. Le seul à pouvoir faire cela. Il ne s’agit plus de me tuer. Je l’ai fait pour toi. Il s’agit de m’épargner ce nouveau jour qui se lève et dont je ne veux pas. Aide-moi. »

Lu aussi ou écouté par Enna, Laure et Liliba (toutes trois enthousiastes) et Val moins emballée…

33 commentaires sur « Laurent Gaudé, La mort du roi Tsongor »

  1. J’ai réussi à tout de même y prendre du plaisir grâce au lecteur mais c’est vrai que cet auteur n’est pas pour moi sans que je n’ai quoique ce soit à lui reprocher.

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  2. C’est drôle, c’est avec ce livre que j’ai découvert Laurent Gaudé, et si je n’ai guère de mémoire sur le contenu du livre (merci pour le rappel), j’ai le souvenir d’une très belle lecture. J’ai aussi aimé Le soleil des Scorta, mais Pour seul cortège ne m’a pas transportée, j’avais une impression de répétition… je comprends mieux maintenant grâce à ton billet !

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  3. Dans ma PAL depuis quelques temps déjà, j’ai très envie de lire ce roman depuis que j’ai découvert cet auteur avec « Le soleil des Scorta » qui m’avait totalement conquise. Ton avis est un peu mitigé mais j’aime beaucoup l’extrait que tu as choisi.

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  4. J’avais littéralement dévoré ce livre de Gaudé, qui reste un de mes préférés de cet auteur avec « le soleil des Scorta » … les deux premiers que j’ai lus … Par contre, « Pour seul cortège » m’a agacée, et je me suis réconciliée avec lui en lisant « Eldorado », souvent lectrice varie, faut croire … Mais quand même les descriptions des tombeaux, la quête de Souba, la figure du roi qui se meurt de regrets, c’est assez fort, je trouve …

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  5. Je viens de le lire après avoir lu Le soleil des Scorta, Ouragan et Pour seul cortège. Je n’ai pas ressenti cette lassitude, bien au contraire, j’étais heureuse de retrouver cette puissance dans l’écriture et cette façon de renouer avec l’antique. Il y a peut-être un peu moins de souffle dans ce roman que dans Pour seul cortège, est-ce ton sentiment ?

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    1. Peut-être aussi que le format audio et mes conditions de lecture ne convenaient pas à ce roman. Je trouvais que ça s’enlisait dans les scènes de batailles. J’ai préféré la quête de son fils, qui m’a rappelé Pour seul cortège.

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    1. Là, clairement, je suis la seule ou presque à ne pas aimer… Pourtant, je suis assez indulgente avec les livres audios, peut-être parce que je n’ai même pas à faire l’effort de tourner les pages. 😉

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  6. J’ai aimé La porte des enfers (à mon étonnement d’ailleurs) mais le sujet de ce roman ne m’attire pas vraiment. Vu ton avis, je passe sans regret.

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