Karl Taro Greenfeld, Triburbia

triburbiaRentrée littéraire 2013
L’auteur : Journaliste, conteur, satiriste, auteur d’un livre remarqué sur l’autisme, né à Kobe, de mère japonaise et de père américain, habite Tribeca, bien entendu, avec sa femme et ses deux filles. C’est le sixième livre de l’auteur et le premier traduit en français.
284 pages
Editeur : Philippe Rey (août 2013)
Traduction : Françoise Adelstain

Un roman choral, dans le quartier de Tribeca à New York, voilà qui a sonné alléchant à mes oreilles lorsque Keisha en a parlé ! Tribeca n’est pas un ancien nom indien mais un acronyme pour TRIangle BElow CAnal street, et désigne un quartier au sud de Manhattan, en-dessous de Canal Street, donc… Un quartier industriel réhabilité dans les années 90, qu’on pourrait qualifier de « bobo » et qu’on verra d’ailleurs évoluer au fil du roman, de moins bohème à plus bourgeois. Le lien entre les différents personnages est l’école publique où les pères déposent leurs enfants chaque matin. Leurs jobs respectifs, sculpteur, auteur, photographe, entrepreneur, leur permettant de choisir leurs horaires, ils se retrouvent souvent ensuite pour un petit déjeuner au bar le plus proche. Abordant les points de vue de chacun d’entre eux, l’auteur n’épargne personne et égratigne à tout va, n’oubliant aucun travers, aucune vanité, aucune autosatisfaction, aucune addiction…
Je me suis délectée à cette lecture, qui évoque une tranche de la population pas si décrite que cela dans les romans. J’ai relevé une ou deux bizarreries de traduction notamment un joli « il hocha les épaules », mais apprécié dans l’ensemble le style sans fioritures, mais assez visuel pour donner l’impression de pénétrer telle une petite souris au cœur de ces appartements new-yorkais plus ou moins bourgeois. Les enfants donnent lieu à quelques scènes pleine de vérité également, et les parents, quelle que soit leur ascension sociale, restent souvent bien démunis devant les réactions de leurs chérubins. Tout évolue dans un tel quartier, tout se délite doucement, mais pour le plus grand plaisir du lecteur !

Extraits : Je regarde mes amis de l’autre côté de la rue, les pères à la trentaine bien entamée, qui travaillent dans divers domaines artistiques. Il y a le sculpteur, l’auteur dramatique, le producteur de films, le mémorialiste, le photographe, même l’« entrepreneur » – notre truand local-, la plupart s’affichant artistes, en réalité hommes d’affaires.

 Les riches d’ailleurs semblaient arriver en nombre sans cesse croissant. Au début, elle n’avait pas remarqué le changement : la disparition des Ford cabossées au capot aussi long qu’une table de ping pong et des break Volvo avec de la toile adhésive en guise de vitre arrière au profit des Mercedes et Land Rover dernier cri, garées le long des trottoirs et l’air abandonné sous l’éclairage triste de la rue, mais rutilantes, attirant le regard, et malgré cela pouvant rester intactes de journées d’affilée, signe de l’embourgeoisement du quartier.

L’avis tentateur de Keisha.

25 commentaires sur « Karl Taro Greenfeld, Triburbia »

    1. J’ai craint de ne pas entrer rapidement dedans, et ça a été tout le contraire. En plus ce qui ne gâte rien, le nouveau design des couvertures chez Philippe Rey est très réussi.

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    1. Je n’ai pas rencontré si souvent ce milieu ces derniers temps… Nous ne devons pas avoir eu les mêmes lectures. 😉 Là, ça me faisait penser un peu au polar « Les visages » de Jesse Kellermann.

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  1. Moi je suis très très tentée….je l’ai noté tout de suite. Les bobo de plus en plus bourgeois et de moins en moins bohème, ça m’inspire, je le note tout de suite

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