Stewart O’Nan, Les joueurs

joueursL’auteur : Stewart O’Nan est un écrivain américain né en1961 à Pittsburgh en Pennsylvanie.
216 pages
Editeur : L’Olivier (mai 2013)
Traduction : Nicolas Richard
Titre original : The odds

Je m’étonne toujours que cet auteur ne soit pas plus lu et commenté sur les blogs ou dans les publications littéraires… Depuis que je l’ai découvert il y a un certain temps de cela, j’ai été emballée par ses romans, plus ou moins sombres, il est vrai, plus ou moins longs aussi. Ce dernier paru est du genre court et d’une tonalité si ce n’est optimiste, du moins pas totalement déprimante !
On y sourit souvent, aux côtés d’un couple de quinquagénaires qui se délite, venu pour passer un week-end de la dernière chance aux chutes du Niagara, où ils avaient, bien conventionnellement, fait leur voyage de noces. Dès le début, dans le car qui les y emmène, l’ambiance n’est pas à la fête : en plus d’avoir des problèmes de couple, les soucis financiers s’ajoutent, et le sac qui les accompagne contient ce qui leur reste après avoir hypothéqué leurs derniers biens. Quitte ou double, même s’ils ne l’espèrent pas vraiment, l’idée de se renflouer au Casino est bien présente. L’auteur entre dans les méandres de l’esprit de Marion ou de Art, retranscrit leurs dialogues avec une vérité, une finesse d’observation qui est un régal ! Marion ne croit plus à leur couple, Art imagine des tentatives pour reconquérir son cœur, mais rien ne va plus…
Les titres des chapitres, se jouant des probabilités, sont déjà un régal : Chances pour un touriste américain de visiter les chutes du Niagara : 1 sur 195, Chances pour un couple divorcé de se remarier : 1 sur 20480, Chances qu’un véhicule soit fouillé par les douanes canadiennes : 1 sur 384…(entre autres). Le reste est aussi brillant et vivement mené. J’ai relu quelques nouvelles de Raymond Carver, dans leur nouvelle traduction, au moment où je lisais ce roman, et on se trouve tout à fait dans le même genre d’univers, qui aurait son versant féminin avec Lorrie Moore. En tout cas, Stewart O’Nan est encore et toujours, un auteur à suivre !

Citations : Sur la fin de leur phase houleuse, quand elle crut l’avoir perdu, ils s’étaient offert en guise d’adieu des parties de jambes en l’air tristes mais souvent sauvages, ce qui avait paru troublant et pourtant étonnamment approprié, comme si, après tant d’années, il leur fallait cette proximité physique intense pour se dire convenablement adieu. A présent, elle voulait lui rendre le même hommage.

Elle croyait connaître l’effroi et la panique que l’on pouvait éprouver en étant emporté vers le gouffre, si ce n’est qu’à un moment donné, au cours des derniers mois, que ce fût pour garder des forces ou sa santé mentale, elle avait cessé de lutter.

Vu aussi chez Clara, Cuné, Ingannmic et Jérôme

Mes avis sur Chanson pour l’absente et Nos plus beaux souvenirs

18 commentaires sur « Stewart O’Nan, Les joueurs »

  1. Oh la la! Tu trouves l’argument décisif : la comparaison avec Carver (que j’adore)! Et l’argument me plaît bien, même si ça n’a pas l’air d’être très riant, en effet. En même temps, ce n’est pas la but. Bon, je note et tu as raison, comment suis-je passée à côté de cet auteur jusqu’ici?!

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