Jean Giono, Ecrits pacifistes

ecrits_pacifistesL’auteur : Jean Giono est né le 30 mars 1895 à Manosque en Haute-Provence. Son père, italien d’origine, était cordonnier, sa mère, repasseuse. Après ses études secondaires, il devient employé de banque jusqu’à la guerre de 1914, où il reste soldat. En 1919, il retourne à la banque. En 1920, il épouse une amie d’enfance, Élise. Ils auront deux filles, Aline et Sylvie. En 1930 la banque ferme sa succursale de Manosque, il choisit alors de rester dans sa ville, et de se consacrer à la littérature. Il fut aussi historien et scénariste. Jean Giono est mort le 9 octobre 1970.
224 pages
Editeur : Folio (octobre 2013)

Après Tranchecaille, continuons sur le thème de la Grande Guerre. Ce recueil réédité tout récemment en Folio regroupe un article intitulé « Je ne peux pas oublier », quatre chapitres inédits du « Grand troupeau », des précisions sur la position de pacifiste de l’auteur…
Ce regroupement de textes informatifs et de fiction rend encore plus frappants les chapitres relatant avec le très beau style de Giono, lyrique et imagé, des scènes guerrières. Combien saisissante est la marche en direction de Verdun, où des hommes tombent et meurent d’épuisement… Comment l’humidité, le froid qui coupe les jarrets, les bruits sourds, les blessures, les odeurs putrides, les maladies, sont décrites avec autant de poésie que de répulsion pour cette horreur… Comme est terrible la folie qui saisit certains de ces hommes si jeunes et si fragiles…
« Ce qui me dégoûte dans la guerre, c’est son imbécillité. J’aime la vie. Je n’aime même que la vie. » J’avoue que je ne connaissais pas le côté pacifiste de Giono, ce qui aurait dû m’apparaître à la lecture de certains de ses romans, mais peut-être n’ai-je pas lu ceux dont la guerre était le sujet principal, comme Le grand troupeau. De plus ces lectures datent ! J’ignorais tout aussi du manifeste des ajistes (membres des Auberges de Jeunesse) de septembre 1938 ainsi que de celui du syndicat national des instituteurs, à la même date, moment où la guerre avait été sur le point d’être déclarée une première fois. Les précisions sur les contradictions des discours de Romain Rolland, Alain, Daladier m’ont aussi été fort éclairantes sur cette période. L’inutilité de la guerre, le courage d’être pacifiste sont fort bien démontrés par l’auteur, et il va sans dire que cette opinion n’était pas facile à exprimer…
Ce livre est à lire pour qui s’intéresse à la Première Guerre mondiale ou aux prémisses de la Deuxième et pour les amateurs de la prose de Jean Giono. Ce ne sont pas des textes faciles, mais forts et qui laissent pétrifié. Pour ma part, je sens qu’il faudra que je lise Le feu de Henri Barbusse ou Le grand troupeau, qui semblent incontournables de la littérature pacifiste engagée.

Extrait : Il y a trois batteries qui tirent maintenant : trois, quatre, mille, on ne sait pas. La nuit étripée saigne et hurle de tous les côtés. Olivier enfonce ses ongles dans la terre ; il s’y cramponne comme à une planche qui saute sur la mer. Et, tout d’un coup, dans le bruit, il a eu besoin de crier en gueulant au ras de la boue. La boue entre dans sa bouche ; il la crache ; il crie.

Un grand merci à Lise des éditions Folio. En ce qui concerne le mouvement des Auberges de Jeunesse, vous pouvez voir ou revoir les photos de Pierre Jamet, très touchantes…

 

20 commentaires sur « Jean Giono, Ecrits pacifistes »

  1. Je ne connaissais pas ces écrits, c’est bien qu’ils ressortent maintenant. J’ai lu il y a longtemps « le feu » d’Henri Barbusse et j’ai « ceux de 14 » de Genevoix dans ma PAL;

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  2. J’ai parcouru très vite Le grand troupeau pour aider mon garçon qui l’étudiait l’an dernier, mais je n’ai jamais été grand copain avec Giono. Néanmoins, j’ai lu L’homme qui plantait des rabres qui est un tout petit livre excellent

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