Philip Roth, Némésis

nemesisL’auteur : Petit-fils d’immigrés juifs originaires de Galicie arrivés aux États-Unis au tournant du XXe siècle, Philip Roth grandit dans la banlieue de New York, avant d’obtenir le succès dès son premier ouvrage, Goodbye, Columbus. Il crée le scandale avec Portnoy et son complexe, et publie au total une quinzaine de romans. Il vit aujourd’hui dans le Connecticut.
226 pages
Editeur : Gallimard (2012)
Traduction : Marie-Claire Pasquier
Titre original : Nemesis

Les derniers romans de Philip Roth, sous le titre général de Némésis, sont plus courts que ses précédents du cycle Nathan Zuckerman, comme Pastorale américaine ou La tache. Pas de personnage récurrent dans ces romans, pas d’époque commune, mais une même noirceur, une même fatalité qu’il fait s’abattre sur les personnages.
Newark dans les années 40. Cas rare parmi les jeunes de sa classe d’âge, Eugene « Bucky » Cantor n’a pas été incorporé dans l’armée américaine, à cause de sa mauvaise vue. Il en conçoit une certaine amertume, mais se consacre tout de même avec enthousiasme aux jeunes en tant que professeur de sport et directeur de centre aéré. Jusqu’au moment où, par cet été 1944 très chaud, la poliomyélite frappe la région de Newark, et les enfants en particulier. Mr Cantor, comme il est nommé au long de la première partie par un narrateur restant presque inconnu, prend très à cœur son rôle, qui est de donner aux enfants l’activité et le bon air, sensés éloigner d’eux la maladie.
En trois parties, le roman frappe très fort en décrivant en détail réactions et sentiments provoqués par le fléau, maladie terriblement invalidante, voire mortelle. Les habitants de Newark se referment sur leur famille, leur communauté, mais toutes sortes de comportements, toutes sortes de nuances s’observent. Rien de manichéen chez Philip Roth. Et la fatalité poursuivra Bucky Cantor jusque dans un camp de vacances au bord d’un lac, jusque dans les bras de sa fiancée… Si parmi les romans courts de Philip Roth, vous avez comme moi aimé Indignation, je vous conseille urgemment celui-ci ! Et j’ajoute que la traduction doit être excellente, parce qu’à aucun moment, je n’ai justement ressenti avoir affaire à un livre traduit.

La première phrase : Le premier cas de polio de l’été est survenu au début du mois de juin, juste après Memorial Day, dans un quartier italien pauvre de l’autre côté de la ville où on habitait.

42 commentaires sur « Philip Roth, Némésis »

  1. J’avais tellement aimé la Tâche (autant le déroulé de l’histoire que la prouesse littéraire sur l’identité du personnage) que j’hésite à en lire d’autres de Roth de peur d’être déçue. Pourtant, on m’a prêté Némesis il y a longtemps…il patiente encore. Après ce billet je vais peut être m’y mettre finalement

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  2. Je crois que, sachant que ce serait le dernier, je m’attendais à un genre d’apothéose, du coup, forcément, j’ai été déçu.
    A vrai dire ça se lit bien et l’histoire est intéressante mais ça ne m’a pas semblé très profond contrairement à ce que laissaient entendre certaines critiques (le côté « réflexion sur la fatalité » n’a rien de bien original et est mis un peu trop en avant ; ça manque de subtilité quoi).
    Je suis loin d’être un grand lecteur de Roth, je n’en ai lu que trois ou quatre, mais il a fait bien mieux à mon avis, avec La Contrevie par exemple. Mais je note Indignation, j’en entends souvent parler, il serait temps que je pense à le lire !

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    1. Ce n’est pas vraiment une apothéose, mais tout de même drôlement bien, je n’ai pas remarqué ce manque de subtilité… 😉 Et je n’ai pas lu La contrevie, que je note illico !

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  3. N’ayant pas aimé le complexe de…. j’avais arrêté ma collaboration livresque avec Roth, mais j’avoue que cela me manque et je me réconcilierais bien avec ce bouquin

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  4. J’aime ses romans « courts » mais j’ai quand même une prédilection pour de titres tels que « Pastorale américaine » ou « J’ai épousé un communiste ».
    Je n’ai pas lu celui-là, mais ton avis me tente, bien sûr.

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  5. Jai « calé » il y a quelques mois sur La tache, mais je crois que ça n’avait rien à voir avec Philip Roth… Au moment de la sortie de la Nemesis, un collègue m’avait dit avoir été profondément déprimé par ce roman, et du coup, j’avais reculé. Mais ton billet me donne très envie de le lire, je pense donc qu’il va aller dans ma liste de souhaits, ce sera un bon moyen de conjurer l’échec de La tache (et d’y revenir ensuite, d’ailleurs).

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    1. C’est sûr que c’est plus déprimant que vivifiant, ce roman… J’ai lu quelque part une comparaison avec La peste, de Camus, mais bien sûr ! En tout cas, n’hésite pas à le lire si tu en as l’occasion.

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  6. Bonjour Kathel, moins enthousiasmée que pour Indignation mais très bien quand même et en effet, la traduction est excellente. Merci pour le lien. Bonne après-midi.

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  7. J’ai adoré les deux romans que j’ai lus de lui : Opération Shylock et Le complot contre l’Amérique. Donc, je ne dis pas non à celui-ci !

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