Arnaud Dudek, Les fuyants

fuyantsRentrée littéraire 2013
L’auteur :
Né à Nancy en 1979, Arnaud Dudek vit à Besançon. Les fuyants est son second roman, après Rester sage.
127 pages
Editeur : Alma (août 2013)

Voici un livre qui, sans mauvais jeu de mots, m’aurait fait fuir il y a quelques années : roman français, petit format, histoire de famille, de séparations… tout cela n’aurait rien présagé de bon, à mon goût du moins. Eh bien, j’aurais eu tort !
Dans la famille Hintel, les hommes ont la fâcheuse habitude de s’évaporer. Le grand-père Jacob a disparu pour fuir une vie conjugale morne, le père, David, est parti de manière plus radicale, l’oncle Simon est tenté par la fuite… Le jeune Joseph, en manque de repères masculins, se réfugie derrière son ordinateur, et devient un redoutable hacker.
J’ai été séduite par la manière qu’a Arnaud Dudek d’écrire un épisode de saga familiale en quelques phrases et plusieurs vies en un court roman. Surtout lorsque concision rime avec tendre dérision. « Quelques mois, quelques années à ce rythme, sans se poser de questions : voilà, il le sait, ce qui peut arriver de mieux. Mais la suite du scénario ne sera pas forcément à son avantage. Elle voudra changer la décoration du salon. Déménager. Avoir un enfant. Il la quittera pour toutes ces raisons. Ensuite, la situation se compliquera sacrément. Elle le menacera à l’aide d’un saladier, s’effondrera sur le canapé, jettera tous ses vinyles aux ordures. Ou tout se passera bien : Marie se détachera gentiment de lui, il la recroisera un an plus tard au rayon des surgelés, oui, enceinte de trois mois, lui dira-t-elle dans un sourire. Et il titubera jusqu’à la caisse en semant des clémentines. »
Ce n’est pas seulement que ces hommes fuient ce que la vie leur propose, c’est aussi que la vie fuit devant eux, les sème en route dans son avancée inexorable… Bref, je n’ai été pas du tout rebutée par la façon de laisser filer des petites phrases, de brosser des portraits qu’on imagine crayonnés à petits coups, comme des petits bonshommes de Sempé perdus au milieu d’une foule. Il n’y a pas un mot de trop, et pourtant c’est sensible et touchant… et ça, j’adore.

Extrait : Des vies, Jacob Hintel en a eu plusieurs. Chapitre un : débuts timides dans un quartier de pavillons ouvriers en bordure d’une voie ferrée. Un groupe de copains désoeuvrés, des tournois de football sur le terrain vague, des ronds de fumée derrière le hangar délabré. Le brevet, les filles, les mobylettes et puis l’usine d’embouteillage, le travail à la chaîne comme les parents. Les filles encore, Sylviane, Sylvie, Solange. Françoise. Françoise et ses faux airs de Mylène Demongeot, un diabolo menthe au Café des Sports, un premier baiser devant Fantômas se déchaîne.

 

43 commentaires sur « Arnaud Dudek, Les fuyants »

    1. Il va falloir te lancer sur un peu plus long… C’est l’inconvénient du numérique, je trouve que si on n’accroche pas immédiatement c’est plus dur d’y revenir !

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  1. Je l’ai vu un peu partout sur la blogo, j’aime beaucoup le titre et j’adore les histoires des gens qui fuient leur vie et inversement (et pour une fois qu’il n’est pas uniquement question de femmes…)

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    1. Oui, c’est terrible, on note pratiquement trois livres par jour ! Enfin, je suis passée dans une librairie ce matin et ressortie les mains vides, ce dont je suis très fière ! 🙂

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  2. Ce qui me déçoit en ce moemnt, c’est plutôt romans français court dans lesquels une femme perdue, mère célibataire d’un garçon, n’y arrive plus. Luis e construit tant bien que mal. déjà deux échecs ce mois-ci…

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  3. Il a fait le tour de la blogo à ce que je vois ! 😉 Et c’est bien aussi d’accepter un livre qu’on n’aurait pas remarqué voici quelques mois, car cela donne de jolies découvertes aussi.

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