William Boyd, Orages ordinaires

oragesordinairesL’auteur : William Boyd est un écrivain, scénariste et réalisateur britannique, né au Ghana en 1952. Après des études à l’université de Glasgow et à Oxford, il devient professeur de littérature à Oxford. En tant que scénariste, on peut signaler en particulier le Chaplin de Richard Attenborough, l’adaptation de son propre roman Un Anglais sous les tropiques, et surtout l’adaptation du roman de Mario Vargas Llosa Tante Julia et le scribouillard. En tant que réalisateur, une seule expérience, le film La Tranchée (The trench) en 1999, avec Daniel Craig bien avant James Bond, une peinture saisissante de l’épouvantable Bataille de la Somme… Ses romans les plus connus sont Un anglais sous les tropiques, L’après-midi bleu, Brazzaville plage, Les nouvelles confessions, Armadillo, La vie aux aguets, L’attente de l’aube… Grand amateur de vin, William Boyd possède un vignoble dans le sud-ouest de la France.
476 pages
Editeur : Seuil (2010), sorti en poche
Traduction : Christiane Besse
Titre original : Ordinary thunderstorms

Prenons encore le temps de nous poser avec un bon gros roman avant le rush de la rentrée… Orages ordinaires est parfait pour une lecture estivale, pour la bonne raison que c’est un roman qui raconte une histoire, une vraie, avec des rebondissements, des inquiétudes pour le personnage, une histoire qui raconte notre société tout en faisant craindre le pire pour son héros. Et bref, moi j’aime bien qu’on me raconte des histoires !
Un jeune climatologue, Adam Kindred, se retrouve, par le plus grand des hasards, accusé de meurtre et en possession d’une mallette pleine de documents compromettants que d’autres aimeraient récupérer. Cette situation déjà délicate, il la complique du plus mauvais choix possible, à savoir ne pas se rendre à la police. Il est donc obligé de disparaître dans les bas-fonds de Londres, en oubliant tous les moyens de communication et de survie modernes par lesquels on pourrait le retrouver, en perdant tout ensemble famille, amis et travail. Il découvre un monde qu’il ignorait jusqu’alors… « Il avait lu quelque part que, chaque semaine en Angleterre, six cents personnes environ disparaissaient – presque cent par jour-, qu’il existait une population de plus de deux cent mille disparus dans ce pays, de quoi peupler une ville de bonne taille. »
J’ai dévoré ce roman passionnant à la fois par sa description des marges de la société, où l’on peut se fondre dans l’oubli et le plus terrible des anonymats, et par cette histoire menée à toute vitesse où Adam Kindred verra disparaître un à un tous ses espoirs de redevenir le météorologue brillant qu’il était, enfin peut-être… « Le vieil Adam Kindred chassé et vaincu par le nouveau – plus malin, plus matérialiste, plus apte à la survie. »
Pour ne rien gâcher, ce roman est à la fois bien écrit et bien traduit, ce qui en fait une excellente et ô combien prenante lecture ! 

Le début : Commençons avec le fleuve – toute chose commence avec le fleuve et nous y finirons, sans doute -, mais attendons de voir comment ça se passe. Bientôt, d’une minute à l’autre, un jeune homme va venir se poster au bord de l’eau, ici, au pont de Chelsea, à Londres. 
Tiens, le voilà qui descend avec une certaine hésitation d’un taxi ; il règle le chauffeur, regarde machinalement autour de lui, jette un coup d’oeil vers l’eau claire (la marée monte et le niveau du fleuve est inhabituellement haut). C’est un grand jeune homme au teint pâle, la trentaine, des traits réguliers, les yeux battus, les cheveux noirs coupés court, rasé de frais comme s’il sortait de chez le barbier. Il est nouveau dans la ville, un étranger, et il s’appelle Adam Kindred. Il sort d’un entretien d’embauche et il a eu envie de voir le fleuve (l’entretien ayant été la rencontre tendue classique, avec un gros enjeu) répondant à un vague désir de « prendre un peu l’air » comme s’il avait le projet de gagner la côte. Le récent entretien explique pourquoi, sous son imperméable coûteux, il porte un trois-pièces gris foncé, une cravate marron, une chemise blanche neuve, et pourquoi il trimballe un superbe et solide attaché-case noir avec grosse serrure et cornières en cuivre.

28 commentaires sur « William Boyd, Orages ordinaires »

  1. Oserais-je avouer que je n’ai encore jamais lu William Boyd, et ça manque, c’est certain ( je ne sais plus si j’avais noté  » L’attente de l’aube  » ou  » La vie aux aguets  » )

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  2. Il y a une petite brochette d’auteurs pour qui j’ai une tendresse particulière parce que ce sont les premiers anglo-saxons que j’ai découverts avec jubilation. William Boyd en fait partie, même si je ne l’ai pas lu depuis longtemps. Je note celui-ci, ce serait une occasion de renouer avec mes vieilles amours 😉

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  3. Je l’ai lu cet été (en version audio) et j’ai beaucoup aimé également. J’en parlerai mi-septembre. Je compte bien ne pas en rester là avec l’auteur !

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  4. Ah oui les auteurs qui racontent des histoires et avec une belle écriture c’est génial ! Un jour j’ai commencé Armadillo mais ne l’ai pas terminé… mais je ne vais m’arrêter là, ce roman est noté (depuis un moment) dans mes tablettes.

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  5. tu n’as pas transféré sur ce blog ta chronique de La vie aux aguets? je ne la trouve pas… je viens de le lire et je voulais te mettre en lien dans mon billet. 🙂

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    1. Non, je n’ai transféré aucune chronique, depuis overblog, par manque de connaissances techniques (et/ou flemme ! 😉 ). Elles ne sont plus que sur babelio, désolée !

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