Hugo Boris, Trois grands fauves

troisgrandsfauvesRentrée littéraire 2013
L’auteur :
Hugo Boris est l’auteur de trois romans, tous publiés chez Belfond et ayant tous reçu un excellent accueil critique et une reconnaissance publique. Le Baiser dans la nuque (Belfond, 2005 ; Pocket, 2007), prix Emmanuel-Roblès. La Délégation norvégienne (Belfond, 2007 ; Pocket, 2009), premier prix littéraire des Hebdos en Région. Je n’ai pas dansé depuis longtemps (Belfond, 2010 ; Pocket, 2012), prix Amerigo-Vespucci.
202 pages
Editeur : Belfond (août 2013)

Georges Danton, Victor Hugo, Winston Churchill, trois grands hommes, trois forces vives contre lesquelles la mort n’a pas toujours de prise… Dès l’enfance de Danton, où, piétiné par un taureau, il frôle la mort et reste défiguré, je me me suis laissée immédiatement emporter par le rythme du texte qui colle parfaitement à la force des personnages. Ces trois destins, dont le lecteur ne découvre que des fragments, des moments forts, sont pourtant loin d’être réduits à une suite d’anecdotes, et les portraits se dessinent progressivement avec puissance. La question se pose de savoir ce qui est romancé ou ce qui fait partie de la légende des trois hommes, et puis cette question passe au second plan.

Tout m’a plu dans ce roman, me poussant à lire et relire des phrases qui sonnaient bien, qui ouvraient d’autres perspectives… C’est un livre à découvrir sans a priori, en se laissant bercer par l’écriture élégante, plutôt qu’en cherchant à connaître in extenso la vie de ces trois grands hommes. C’est bien évident qu’il y faudrait plus que 200 pages ! On sent que l’intention de l’auteur était de créer des liens, d’éclairer des similitudes, de tracer une sorte de portrait global d’un homme exceptionnel, avec ses moments de grandeur et ses failles.

L’objet livre est particulièrement soigné et réussi, avec une couverture et un papier qui font un peu penser à un Zulma, de jolis rabats, le deuxième rabat offre même un marque-page à découper !
A tous points de vue, ce roman est une belle réussite ! 

Si l’auteur ou l’éditeur passe par ici, j’ai une petite question : est-ce volontaire si les phrases sont presque mot pour mot les mêmes, pages 31 et 63 pour décrire Danton et Hugo se ruant dans leur maison, après un décès ?

Appréciez les premières phrases :
Mai 1763. Ce n’est pas la Champagne humide ici, mais la pouilleuse, celle que la craie rend stérile. La petite taille de l’enfant ne lui permet pas de connaître l’étendue de la plaine. Il en entend le silence les jours sans vent. Il marche vers la vache qu’il a aperçue, là-bas, dans le pré. Il l’a reconnue, c’est la sienne, elle cherche l’ombre d’une haie. La mère de l’enfant n’a pas eu la force de l’allaiter à sa naissance. Il s’accroupit sous la lourde grappe, prend un pis dans la main pour faire gicler le lait. Il ignore qu’il va mourir dans une seconde. Le branle d’un sabot lui fait lâcher prise. Une ombre lui bouche le soleil. Il tend les deux bras en avant pour se protéger, écrasé par le poids gigantesque du taureau. Le mâle échappé le piétine en beuglant. L’animal le soulève de terre. Le petit hurle, se débat, fait rempart de ses mains en pure perte. L’une des cornes lui emporte la bouche. Dans sa gorge, le goût du sang se mêle à celui du lait.

28 commentaires sur « Hugo Boris, Trois grands fauves »

  1. Et bien, je me demandais pour ce livre, comment la narration était gérée, comment enfermer ces  » trois fauves  » dans quelques pages de roman. Je comprends donc qu’il faut se détacher de l’aspect biographique pour apprécier vraiment.

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  2. J’avais lu Je n’ai pas dansé depuis longtemps sur les conseils de Sébastien Fritsch et je garde un très bon souvenir de cette lecture. Alors, oui, je récidiverai sûrement… 😉

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  3. J’avais repéré ce livre rapport au sujet et son originalité mais les premières phrases ne me parlent pas trop comme ça. En tout cas, convaincue de son succès. Je verrai pour plus tard, quand je me sentirai en phase avec le style.:)

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  4. J’avoue que ça me tente moyennement. En même temps je ne vais pas déjà céder à la tentation que tu proposes dans le cadre de la rentrée littéraire !

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  5. j’avis trouvé également que le récit était assez similaire Danton et Hugo à certaine pages… J’auteur montre des grands hommes humains mais je suis restée sur ma faim avec des petits bémols…

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    1. Cela ne remplacera pas une bonne grosse biographie (une des rares que j’ai vraiment aimées est celle de Victor Hugo par Jean-François Kahn) mais ce n’est pas le but. Oui, le pari est réussi !

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  6. J’ai peur d’être un peu frustré sachant que chacun de ces hommes pourrait remplir un biographie d’au moins 200 pages…. ( celle de Hugo que j’ai à la maison et signée Alain Decaux en fait même plus de 1000 !)

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