Ron Rash, Le monde à l’endroit

mondealendroitL’auteur : Ron Rash est né en 1953 à Chester, en Caroline du Sud. Il a écrit à ce jour trois recueils de poèmes, trois recueils de nouvelles, et deux autres romans, Un pied au paradis et Serena. Il est actuellement professeur émérite au département d’Études culturelles appalachiennes de la Western California University. Il se revendique comme un écrivain du Sud. En 2013, Susanne Bier réalise Serena d’après le roman homonyme avec dans les rôles titres Bradley Cooper et Jennifer Lawrence.
281 pages
Editeur : Seuil (août 2012)
Traduction : Isabelle Reinharez
Titre original : The world made straight

Travis Shelton traîne ses dix-sept ans entre la ferme de son père, avec lequel il est sans cesse en conflit, les virées pour boire des bières avec ses copains, et les coins de pêche qu’il affectionne au pied des Appalaches. Lors d’une de ses sorties, il découvre un champ de cannabis et en prend quelques pieds pour revendre à Leonard, un ex-prof, petit dealer local. Malheureusement, l’envie d’un gain facile le fait retourner une fois de trop dans ce champ caché, et il y est surpris par le propriétaire.
Le moins qu’on puisse dire c’est que les personnages ne sont pas des tendres, et que Ron Rash réussit superbement à rendre une atmosphère pesante et menaçante autant qu’à faire surgir de magnifiques paysages. Quant à l’amitié qui finit par poindre entre Travis et Leonard, et aux épreuves qu’ils vont traverser, à l’histoire remontant à la guerre de Sécession qui les unit, et qui est présentée sous la forme des carnets de note d’un médecin, il n’est pas utile de trop en dire…
Dans la lignée de Serena et Un pied au paradis, j’ai encore été happée par l’Amérique rurale sauvage qu’affectionne l’auteur, et par l’alchimie très réussie entre roman d’initiation et roman noir. J’ai juste été un peu perdue une fois ou deux par les références historiques à la guerre de Sécession, à cause de ma méconnaissance de cette période.

Extraits : C’était peut-être parce que le soleil était à présent haut dans le ciel, mais le pré était baigné d’une lumière intense, sa pâleur concentrée, insistante, pratiquement comme si le lieu irradiait de l’intérieur quelque chose de lui-même. Travis se demanda si le pré lui ferait la même impression s’il ignorait ce qui s’y était passé.
Leonard vint se planter à côté de lui.
« Tu sais qu’un lieu est hanté quand il te paraît plus réel que toi. »
Dès que Leonard eut prononcé ces mots, Travis sut que c’était ce qu’il éprouvait, pas seulement à l’instant, mais pendant toutes ces années quand en labourant il déterrait des pointes de flèches.

 Pendant deux ou trois minutes, il fut incapable de répondre. Il s’était passé trop de choses ce soir-là, et rien ne tenait debout. Tout était déglingué, le monde n’était plus d’aplomb. C’était comme d’être sur un manège à la foire, tout, autour de lui, bruyant, aveuglant et tourbillonnant.

26 commentaires sur « Ron Rash, Le monde à l’endroit »

  1. Je l’avais emprunté à la médiathèque mais j’ai dû le rendre sans l’avoir lu. C’est ça d’être trop gourmand^^ Je le prendrais quand il sortira en poche.

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