Clément Bénech, L’été slovène

etesloveneL’auteur : Clément Bénech est né en 1991 à Paris. Découvre la littérature avec Patrick Modiano et Oscar Wilde, ce qui est un cocktail singulier. Il est licencié en lettres modernes, et tient un blog d’écriture, Humoétique. Il est aussi chroniqueur régulier sur Vents contraires, la revue collaborative du Théâtre du Rond-Point.
127 pages
Editeur : Flammarion (mars 2013)

Grâce à Entrée Livre, j’ai pu lire ce premier roman, d’un jeune auteur français. Il évoque en petites scènes qui ont toujours un parfum d’inédit, un voyage d’été en Slovénie, avec son amoureuse du moment. Justement, amoureux, ils ne le sont guère, ou plus trop, ou pas encore, ou ils ne le seront jamais… Ce qui n’est guère étonnant si on a affaire à quelqu’un qui déclare : Il me semble qu’en parlant le moins possible des choses on les fait disparaître et ma manière de résoudre le problème est de laisser pourrir, ça marche presque à chaque fois. C’est entre des mots qui décrivent une traversée d’un lac à la nage, un accident de voiture, une nuit dans un jardin public, que le lecteur devine les sentiments, car le narrateur reste assez discret et pudique sur le sujet.
J’ai aimé le ton léger, ironique, les parenthèses moins nombreuses que chez Philippe Jaenada, mais aussi surprenantes, les anecdotes de voyages un peu décalées, les petites phrases insolites… La nuit les coutumes tombent et nous redevenons nous-mêmes, à savoir de vils mangeurs de pizza. ou bien Au loin, au-dessus du château fortifié de Ljubljana, un feu d’artifice pétaradait avec l’ardeur des choses facultatives.
Et il y a quelque chose qui me fait plaisir, c’est bête à dire, c’est de pouvoir me trouver tout à fait à l’aise dans un univers a priori éloigné du mien, celui d’un écrivain très jeune, un tantinet branché, de sexe masculin ! J’ai apprécié de plus, qu’il répugne à se regarder le nombril, ou alors avec une auto-dérision tout à fait réjouissante à lire, si toutefois le personnage principal et narrateur peut être assimilé à l’auteur, ce dont je n’ai aucune idée. Ce n’est pas là l’important, ce qui compte c’est le mélange d’humour, de sens du détail qui fait mouche, de poésie. Il y a bien quelques petites maladresses, mais pas de longueurs ni de redites, la concision et l’ellipse font partie du bagage de ce jeune auteur au ton tout à fait original !

Extrait : Bon en gros, puisque tu fais semblant de ne pas comprendre, je te demande si on est ensemble parce que tu me considères comme un trophée ou parce que ça te rend heureux. Alors je l’air prise dans mes bras. Les deux mon général. En même temps c’est un plaisir intime, et en même temps je suis fier de t’exhiber comme une médaille quand il y a mes amis. D’accord, dit Éléna. Mais si tu n’avais pas d’amis ? Si je n’avais pas d’amis, je serais quand même heureux d’être avec toi, ne serait-ce que parce que tu me poses des questions compliquées comme celle-là. Cela dit, repris-je, si je n’avais pas d’amis, tu ne m’aurais jamais aimé, ce qui rend ce cas de figure inenvisageable. Mais si, mon chat. Enfin, si tu avais été exactement comme tu es, mais sans amis. (Nous n’avions plus qu’à conclure qu’on était à peu près amoureux.)

30 commentaires sur « Clément Bénech, L’été slovène »

  1. J’ai écouté une émission où il était question de ce livre : les chroniqueurs étaient plutôt enthousiastes, ce qui m’a surprise s’agissant du premier roman d’un très jeune auteur français (ils ne sont parfois pas bien tendres – les chroniqueurs, pas les auteurs…). Tu confirmes donc cet avis. En tout cas, j’aime déjà la légèreté du ton et l’originalité des images.

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  2. L’extrait a le mérite d’être clair : toutes ces choses sont très compliquées et on aime pour de bonnes et de mauvaises raisons. Quand raisons il y a , ce qui n’est pas toujours le cas, car alors cela prouve tout simplement que l’on n’aime pas.

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  3. Tu as réussi à me tenter ;0) et en plus quelle magnifique couverture qui sent bon l’été… J’en avais déjà lu quelques billets et ma curiosité avait déjà été bien aiguisé….

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  4. Remarque, c’est difficile de trouver un auteur qui place plus de parenthèses que chez Jaenada (au demeurant sûrement sympathique mais difficile à suivre). C’est bien que tu parles d’un premier roman. Bonne soirée.

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    1. Les premiers romans, c’est un de mes « trucs » ! 😉 Mais parfois je suis désolée quand ils ne me plaisent pas trop… ce qui n’est pas le cas ici.

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    1. Je me doutais bien que ce livre ne pouvait pas plaire à tout le monde, ton avis me l’a confirmé ! Je ne dis pas que je lirai tout ce que cet auteur écrira par la suite, mais je m’y intéresserai, en tout cas.

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