Joyce Maynard, Les filles de l’ouragan

fillesdelouraganL’auteur : Joyce Maynard est née à Durham, dans le New Hampshire, le 05 novembre 1953. Connue pour avoir fréquenté, à l’âge de dix-huit ans, le mystérieux et mythique J. D. Salinger, Joyce Maynard est également écrivain. En France, on a pu lire les romans Prête à tout, Long week-end, Les filles de l’ouragan et Baby Love, et les essais Et devant moi, le monde et Une adolescence américaine. Joyce Maynard vit désormais entre la Californie et le Guatemala.
328 pages
Editeur : Philippe Rey (janvier 2012)
Traduction : Simone Arous
Titre original : The good daughters

On entend et on lit beaucoup d’avis très intéressants sur Joyce Maynard depuis quelques temps ! Ça a commencé avec Long week-end, un huis-clos psychologique passionnant, mais dérangeant, à tel point que je me souviens avec précision de l’endroit et du moment où je l’ai lu, signe qu’il était marquant… Les titres suivants me tentaient beaucoup, mais l’occasion ne s’est présentée que récemment avec Les filles de l’ouragan à la bibliothèque.
Ce que j’aime chez cette auteure, c’est sa faculté à se glisser dans la peau et surtout la tête de ses personnages, ce qu’elle réussit encore particulièrement bien avec ces parcours de deux jeunes femmes dans la campagne du New Hampshire, des années 50 à nos jours. Elles sont nées neuf mois précisément après un ouragan dévastateur, le même jour, et même si leurs familles n’ont pas grand chose en commun, elles ne se sont jamais perdues de vue. L’une, Dana, a une mère artiste, un père toujours à la poursuite de projets aussi farfelus que voués à l’échec. Chez Ruth, le père est agriculteur, et forme avec sa mère un couple rude à la tâche et montrant peu d’affection, que ce soit l’un envers l’autre, ou vis à vis de leurs enfants.
Les moments clefs de leur enfance, de leur adolescence, l’entrée dans l’âge adulte, les amours, tout s’entrecroise, porté par les voix de l’une et de l’autre, j’ai failli écrire « les voies », tellement la recherche d’une direction, d’un sens à leur vie, leur est commun ! 
Que vous dire d’autre sinon que je ne tarderai sans doute pas à lire un autre roman de Joyce Maynard ou son récit autobiographique de sa liaison avec J.D. Salinger, car j’ai été une fois de plus séduite par la construction, le style précis et sans fioritures, la subtilité de la psychologie. J’ajoute que ce roman vient de sortir en poche, ce qui devrait satisfaire tout le monde.

Le début : Mon père me disait que j’étais un bébé de l’ouragan. Cela ne signifiait pas que j’étais née au cours d’un ouragan. Le jour de ma naissance, le 4 juillet 1950, se situe bien avant la saison des ouragans.

Il voulait dire que j’avais été conçue pendant un ouragan. Ou dans son sillage.
«Arrête ça, Edwin», intervenait ma mère chaque fois qu’elle le surprenait à me raconter cette histoire. Pour ma mère, Connie, tout ce qui avait à voir avec le sexe ou ses conséquences (à savoir ma naissance, ou du moins le fait de relier ma naissance à l’acte sexuel) ne pouvait être un sujet de discussion.
Mais quand elle n’était pas là, il me racontait cette nuit où il avait été appelé pour dégager la route d’un arbre abattu par la tempête, il me décrivait la pluie battante, le vent impétueux. «Je n’ai pas été comme mes frères faire la guerre en France, disait-il, mais j’ai eu l’impression de livrer une bataille, en luttant contre ces bourrasques qui soufflaient à cent cinquante kilomètres à l’heure. Et là il se passe une chose bizarre. Craint-on vraiment pour sa vie dans des moments pareils ? Mais c’est à de tels moments que l’on se sait vivant.»
Il me racontait cette pluie qui s’abattait si violemment sur la cabine du camion qu’il n’y voyait plus rien, comme son coeur battait fort alors qu’il progressait dans l’obscurité, et ensuite – exposé au déluge, il coupait l’arbre et dégageait les grosses branches sur le bord de la route, ses bottes lourdes de pluie s’enfonçaient dans la boue, ses bras tremblaient.
«Le bruit du vent avait quelque chose d’humain, se souvenait-il, comme le gémissement d’une femme.»

53 commentaires sur « Joyce Maynard, Les filles de l’ouragan »

  1. Bien que plutôt déçue par Baby Love, j’en avais cependant admiré le style et ce quelque chose qui fait qu’on a envie d’aimer l’auteur. J’en chaînerai bien avec ce titre-ci.

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  2. Je ne l’ai pas encore lue, j’ai envie de commencer par le récit de sa jeunesse avec Salinger (j’étais à la rencontre dont parlait Valérie hier, je me suis sauvée à la fin pour ne pas craquer, because mon banquier !)

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  3. Chic chic chic je l’avais trouvé chez le bouquiniste neuf au prix du poche, et ton avis me conforte dans mon choix. Je crois que cela me pplaira (un jour).

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  4. Je viens de lire « Baby Love » et « une adolescence américaine et je dois dire que j’ai été séduite ! Je compte bien lire ses autres livres dont celui-ci.

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      1. J’ai effectivement vu qu’il était sorti en poche et j’ai bien failli me laisser tenter car j’avais beaucoup aimé Long week end … Puisque tu confirmes qu’il est dans la même lignée, je le prendrai la prochaine fois !!

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  5. je n’ai rien ressenti de tout cela dans ce roman. Ni au niveau de l’écriture qui m’a déçue, ni sur la psychologie des personnages, ni sur l’intrigue d’ailleurs !

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