Fulvio Ervas, N’aie pas peur si je t’enlace

Wet Eye GlassesL’auteur : Fulvio Ervas vit à Trévise et est l’auteur de plusieurs romans noirs. Ce livre a reçu en Italie le prix Fahrenheit Rai3. Il sera bientôt publié dans plusieurs pays, dont la Chine, et adapté au cinéma.
267 pages
Editeur : Liana Lévi (février 2013)
Traduction : Marianne Faurobert
Titre original : Si ti abraccio non aver paura

Je suis étonnée de ne pas avoir entendu parler davantage de ce très beau roman qui retrace une histoire vraie, celle d’un père et de son grand fils autiste qui se lancent dans un périple à travers l’Amérique, de la Floride au Brésil. C’est un écrivain italien de polars qui a entendu parler de cette épopée et qui a eu envie de la raconter.
Andrea a dix-huit ans, il aime que tout soit bien rangé à sa manière et n’hésite pas à déplacer et aligner les objets, même dans un lieu public. Il a besoin de toucher les gens pour entrer en contact avec eux ou de les enlacer, d’où le titre, qui était la devise, en quelque sorte, qu’il portait sur son tee-shirt quand il allait à l’école. Loin de prétendre que la vie avec Andrea est facile, Franco, son père, fait toutefois preuve d’humour pour relativiser les situations délirantes qu’engendre la différence de son fils, et surtout d’un immense amour. L’idée lancée un peu en l’air d’un voyage à moto à travers les Etats-Unis prend forme, malgré les réticences de l’entourage, sur la réponse sibylline d’Andrea : « Amérique belle »… Là-bas, l’accueil fait à ce grand garçon est souvent sympathique et compréhensif, et Franco peut parfois se détendre un peu. Sa plus grande crainte est qu’Andrea se retrouve seul et égaré, pour une raison ou une autre.
L’histoire est passionnante et j’ai été très agréablement surprise par le style de l’auteur, et la traduction, qui donnent vraiment un très beau texte, tour à tour émouvant, drôle, passant avec virtuosité de l’anecdote de voyage à la réflexion sur la vie avec un enfant autiste. Dans une période où beaucoup de livres me tombent des mains, celui-ci m’a accompagnée de sa chaleur humaine pendant quelques jours et c’est à regret que j’ai quitté Andrea !

Extrait : L’idée d’un grand voyage a commencé à me travailler, sans bruit. Sans que rien transparaisse. Comme un virus. Je ne ressentais pas le besoin d’un programme précis. Pour Andrea, tous les jours, chaque heure est un imprévu : ce sera le cas pour moi aussi, et advienne que pourra.
Un matin je suis parti à la rencontre d’Andrea sur le chemin de l’école. Je l’ai vu arriver, de son pas rapide, et je lui ai demandé s’il aimerait passer des vacances spéciales. Il s’est laissé distraire par du linge étendu dans la cour d’une maison. Il est parti en courant et s’est mis à tirer sur les draps, à déplacer les pinces et à redresser les chaussettes.
On part très loin d’ici ? lui ai-je demandé.
Il m’a regardé à la dérobée, avec un sourire.
– Andrea, on va en Amérique ?
– Amérique belle.

16 commentaires sur « Fulvio Ervas, N’aie pas peur si je t’enlace »

    1. C’est vraiment le seul livre ces derniers temps dans lequel j’ai plongé avec enthousiasme. Le sujet n’est pas facile et pourtant le texte est lumineux et touchant.

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