Janet Skeslien Charles, Les fiancées d’Odessa

fianceesdodessaL’auteur : Originaire du Montana, Janet Skeslien Charles habite à Paris depuis 1999 et travaille à la Bibliothèque américaine. Elle a vécu deux ans à Odessa où elle a enseigné l’anglais dans le cadre d’un programme de la fondation Soros. Cette expérience lui a inspiré ce premier roman mordant, déjà publié dans une douzaine de langues.
415 pages
Editeur : Liana Levi (2012)
Titre original : Moonlight in Odessa
Traduction : Adelaïde Pralon

Pour Daria, vingt-cinq ans, qui vit avec sa grand-mère Boba, Odessa est la plus belle ville du monde, avec son opéra, son célèbre escalier descendant vers la mer… Daria a de plus réussi à décrocher un poste où ses compétences en anglais lui sont bien utiles. Certes, son recrutement s’est fait sur un malentendu, si on peut appeler ça comme ça, mais Daria est bien assez forte pour s’en sortir sans se laisser faire. Elle trouve ainsi un deuxième travail pour le soir et les week-ends, elle épaulera Valentina qui a monté un site de rencontres entre américains et belles ukrainiennes qui veulent obtenir un visa pour le pays de leur rêves. Daria sert d’interprète, sans être intéressée pour elle-même. Jusqu’au jour où la misère pesante d’Odessa, les conseils de ses proches, les belles lettres d’un aspirant au mariage finissent par la convaincre…
La première partie, à Odessa, est très dépaysante, le pays est ausculté sans omettre les détails quotidiens qui font qu’il y a un tel fossé entre notre vie de tous les jours et celle d’une femme ukrainienne. « 
Certains de nos bus venaient d’occident où ils avaient été retirés de la circulation pour fuites ou autres problèmes mécaniques. Souvent les passagers vomissaient ou s’évanouissaient à cause des gaz d’échappement qui rentraient dans le compartiment. Asphyxiés par la misère. » Les habitants d’Odessa ont besoin d’une bonne dose d’humour pour affronter cette vie de tous les jours et l’auteur trouve toujours le bon équilibre entre sourire et empathie.
La deuxième partie se passe aux Etats-Unis, et le sujet des unions pour raisons économiques, des petits arrangements avec la vérité des futurs maris, de la déconvenue de jeunes femmes diplômées qui passent pour des potiches, tout juste bonnes à faire la cuisine et le ménage, est très bien évoqué. Le constat est cependant nuancé, rien n’y est tout noir ou tout blanc, et cela rend le roman passionnant. Il m’a rappelé les nouvelles de Sana Krasikov, L’an prochain à Tbilissi, que j’avais beaucoup appréciées aussi. J’aurais aimé suivre certaines des femmes de ces nouvelles plus longtemps, et c’est chose faite avec une autre auteure tout aussi talentueuse, et un personnage plein de ressources auquel on s’attache bien volontiers.

Extrait : Mon arrière-grand-mère, ma grand-mère et ma mère avaient eu chacune une fille et pas de mari. Je me demandais si c’était dans nos gènes. Ou à cause de la malédiction. Et si je connaîtrai le même sort. Si on pouvait échapper à son destin ou s’il ne finissait pas par nous rattraper.

30 commentaires sur « Janet Skeslien Charles, Les fiancées d’Odessa »

  1. Voilà, voilà, ton billet est paru, alors que le mien attend toujours dans les « brouillons ». Bah, c’est ma vie de blogueuse…
    Un excellent roman, quoi qu’il en soit!

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  2. Je vois qu’il continue à séduire, tant mieux, c’est vraiment un très bon roman et une auteure à suivre (je n’avais pas repéré son blog, il faut dire que ça fait deux mois que je suis quasi sans ordinateur, forcément je cherche moins ..). Je re-note l’an prochain à Tbilissi.

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