Julia Deck, Viviane Elisabeth Fauville

vivianeelisabethL’auteur : Julia Deck est née en 1974 à Paris, d’un père français, artiste plasticien, et d’une mère britannique, traductrice. En 1991, après des études de Lettres à la Sorbonne , son mémoire est consacrée à « La princesse de Clèves ». Elle part vivre un an à New York où elle obtient de petits boulots dans l’édition. Après avoir été responsable de communications dans plusieurs groupes, elle quitte sa fonction en 2005 pour se consacrer à l’écriture. Viviane Elisabeth Fauville est son premier roman.
160 pages
Editions de Minuit (septembre 2012)

Curieuse personne que Viviane, quarante-deux ans, mère d’une petite puce de trois mois, fraîchement quittée par son mari, installée dans un nouvel environnement près de la gare de l’est, et, qui vient de… tuer d’un coup de cadeau de mariage, à savoir un couteau effilé, son psychanalyste. Très perturbée, on le serait à moins, Viviane répond à l’interrogatoire d’un inspecteur, pour justifier de son emploi du temps. Plus bizarrement, ensuite, elle approche, par différents moyens dignes des meilleurs détectives privés, les proches du psy et coupables idéaux aux yeux de la police.
Le lecteur entre dans l’esprit de la jeune femme par le jeu de l’écriture à la deuxième personne, qui alterne parfois avec d’autres formes de narration. Rien de trop perturbant à cela, et cela se justifie tout à fait par la personnalité complexe de Viviane. J’ai donc suivi l’histoire avec plaisir, même si… une huitaine de jours après en avoir terminé la lecture, il ne m’en reste pas un souvenir très puissant, juste une impression positive. La trame générale intrigante, l’écriture intéressante, les déambulations dans Paris, les questions qui se posent et se dénouent au final, cela en fait un premier roman plutôt solidement ficelé et, si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à rencontrer Viviane, ou bien est-ce Elisabeth comme elle se fait appeler ?
N’attendez pas la révélation de l’année, mais une bonne histoire, bien tournée, pas plus, pas moins !

Extrait : Tout en mixant les œufs à la fourchette, vous tentez de vous rappeler ce que vous avez fait aujourd’hui. Le bébé vous a réveillée à six heures. Une faible plainte s’élève dans la chambre encore sombre malgré l’absence de volets. Vous ouvrez un œil, murmurez un air bête, une de ces chansons pop apprises à quinze ans qui sont les seules berceuses que vous connaissez. Puis vous faites chauffer le biberon et filez sous la douche en attendant qu’il arrive à température. L’enfant se retrouve à la cuisine dans vos bras, elle mange et ni l’une ni l’autre ne pensez plus à rien. Vous la reposez quelques minutes dans le berceau pour préparer ses affaires, brosser vos cheveux, allonger vos paupières au pinceau. Ensemble vous sortez.
La nourrice habite rue Chaudron. De votre immeuble, à l’angle des rues Cail et Louis-Blanc, c’est tout droit puis à gauche puis à droite. La nourrice s’en tient à la prestation minimale. Elle veille à la propreté des lieux avec une attention scrupuleuse, prodigue à l’enfant des soins irréprochables et ne se dépense jamais en politesses inutiles. Cela vous convient tout à fait.

 

40 commentaires sur « Julia Deck, Viviane Elisabeth Fauville »

    1. Pour moi, la fin était dans la lignée du reste du roman, et à bien y relire les dernières lignes, elle est assez ouverte… C’est un roman qu’on peut conseiller de lire, vu la multiplicité des ressentis, et des interprétations, mais ce n’est pas le roman de l’année.

      J’aime

    1. Je dois avoir eu du mal à en parler, je l’ai trouvé agréable à lire, mais peut-être pas la bombe promise ! Parisien, oui, certainement… Je ne me suis pas identifiée aux personnages, c’est sûr.

      J’aime

  1. C’est un des titres de la rentrée littéraire de septembre que j’avais notés… Malgré ta petite déception, l’expérience semble tout de même avoir le mérite d’être vécue.

    J’aime

    1. Tu peux comme moi l’emprunter à la bibli, il se lit vite et incite à réflexion, plus ou moins, selon l’envie et le fait qu’on s’y retrouve ou non, je pense…

      J’aime

    1. Oh, mais pourquoi pas ? Il ne m’a pas marquée plus que ça, mais je l’ai lu avec plaisir ! Nous devenons trop exigeants, et ne voulons plus lire que des coups de coeur !

      J’aime

  2. Je suis assez d’accord avec ton « pas plus, pas moi ». On me l’avait vendu comme la révélation de l’année, un livre absolument époustouflant. C’est un bon livre c’est certain, surtout pour un premier roman. C’est une auteure à suivre donc, je pense. Mais de là à crier au chef d’oeuvre, on est encore un peu loin…

    J’aime

  3. J’étais très enthousiaste en lisant le début de ton billet, un tout petit peu moins en découvrant qu’il ne t’avait au final pas laissé une grande impression.
    Du coup comme Manu je pense que j’attendrai sa sortie en poche 🙂

    J’aime

  4. Il était sélectionné pour le Prix Première et a été apprécié. J’ai bien aimé me laisser mener par le bout du nez dans cette histoire qui joue sur les viox, la narration, qui tourneboule son lecteur dans Paris…

    J’aime

  5. Je n’ai jamais été tentée par la lecture de ce roman mais là, j’avoue que ton billet m’incite un peu plus à le découvrir… Qui sait ? peut-être le trouverais-je à la bibliothèque ?

    J’aime

  6. Plus que l’histoire elle-même, c’est vraiment l’écriture de Julia Deck qui m’a plu. Elle a réussi à créer un style très particulier

    J’aime

  7. J’en garde encore un souvenir assez fort ( cette notion d’absurde et d’incongruité m’a conquise) et d’un style impeccable !

    J’aime

  8. Voilà un roman qui m’a laissé une impression étrange. Comme si j’avais fait une première lecture, pas déplaisante, mais que tous les effets de style, choix de narration, … m’étaient passés au dessus. Et du coup s’est imposé l’impression que j’avais raté une grande partie de la saveur du roman. Bref, certainement à reprendre !

    J’aime

Et vous, qu'en pensez-vous ?