Gerbrand Bakker, Le détour

detourL’auteur : Gerbrand Bakker est né en 1962. Après des études de lettres à Amsterdam, il a exercé différents métiers, puis publié un livre pour adolescents en 2004. Là-haut, tout est calme, son premier roman, a été le phénomène éditorial de l’année 2006 aux Pays-Bas avec des ventes dépassant les 70 000 exemplaires. Depuis, il a été traduit avec succès dans de très nombreux pays. Là-haut, tout est calme a été sélectionné pour le Prix Médicis 2009 dans la catégorie roman étranger.
272 pages 
Editeur : Gallimard (janvier 2013)
Titre original : De omweg
Traduction : Bertrand Abraham

Comme dans une comptine enfantine, dix oies se promène dans une prairie, aux abords d’une petite maison louée pour quelques mois. Elles ne sont plus que neuf, puis huit, sept, six… La néerlandaise qui se fait appeler Emily et vient d’arriver dans cette maisonnette du Pays de Galles avec quelques bagages, est plus préoccupée par la disparition des oies que par son travail sur Emily Dickinson. Elle entreprend de bâtir un abri pour les volatiles, explore les environs, y croise un blaireau qui mord, s’éloigne pour faire des provisions. Pourquoi a-t-elle choisi de venir se réfugier là, sans téléphone portable, sans carte bancaire, que fuit-elle ?
Le récit des travaux et des jours qui se succèdent est imprégné du chagrin, ou plutôt de l’absence d’espoir de cette femme qui pourtant occupe le temps du mieux qu’elle peut. Des visiteurs passent, plus ou moins bienvenus, au village tout le monde semble connaître « l’allemande »…
Comme dans Là-haut, tout est calme, Gerbrand Bakker excelle à créer une atmosphère où la place centrale est occupée par la nature, la mer au loin, les sentiers, le temps qu’il fait, les animaux qui vaquent, les plantes qu’il faut tailler, le ruisseau qui coule… Même si le cadre était très différent, je n’ai pas pu m’empêcher de trouver un sentiment diffus de parenté avec Les porteurs de glace d’Anna Enquist, ou même Le dîner d’Herman Koch, tous deux compatriotes de Gerbrand Bakker. Je préfère ne pas en dire plus sur ce qui a poussé Emily, sur les rencontres et événements qui vont survenir lors de son séjour. Embarquez pour le Pays de Galles et laissez-vous faire !

Extrait : Elle avait aménagé la grande chambre en cabinet de travail. Ou, plus exactement, elle avait poussé la table en chêne criblée de trous de vers à bois qui était là à son arrivée jusque devant la fenêtre et avait posé dessus une lampe de bureau. Près de la lampe, un cendrier, et près du cendrier les Collected poems d’Emily Dickinson. Avant de s’asseoir à la table, elle entrouvrait la plupart du temps la fenêtre. Lorsqu’elle fumait, elle envoyait la fumée de sa cigarette par l’entrebâillure. Comme, dans cette pièce, les feuilles de la plante grimpante l’importunaient, elle est allée, un jour, chercher l’escabeau de bois branlant de la porcherie, et a coupé au couteau les pousses qui montaient devant la fenêtre.

                        De-omweg     DETOUR

36 commentaires sur « Gerbrand Bakker, Le détour »

  1. Déjà que j’étais super partant pour découvrir ce nouvel opus de Bakker, mais si en plus tu fais référence au Dîner que j’ai aussi beaucoup aimé, je n’ai plus d’excuse pour passer à côté.

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  2. peut être par contraste avec le précédent celui ci m’a déçu fortement, je n’ai pas adhéré à ce récit et je ne me suis pas sentie du tout en sympathie avec l’héroïne je ne sais pas trop pourquoi

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    1. Non, pas tant qu’on pourrait le croire, l’accent est davantage mis sur les actions, les travaux quotidiens, que sur les pensées et et les sentiments… Ce sont plutôt des taiseux, les personnages de G. Bakker.

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  3. Je ne suis pas certaine d’attendre que  » Le détour » passe par chez moi, je vais sans doute aller à sa rencontre. .. Hâte de retrouver l’atmosphère de « Là-haut ».

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  4. Je l’ai peut-être moins aimé que le précédent « là haut tout est calme »… mais si peu. Une belle atmosphère et un voyage/détour à faire, oui. J’ai trouvé ça pas mal aussi, ce décompte des oies, une belle idée, un brin angoissante, qui m’a fait penser plutôt aux « dix petits nègres » ;).

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    1. ça m’évoquait la petite comptine anglaise « Ten green bottles »…
      Quant à l’atmosphère, l’importance du temps qu’il fait et du temps qui passe, des travaux quotidiens, on les retrouve dans les deux romans.

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  5. Tu me tentes vraiment, il n’est pas répertorié à la bibliothèque, mais j’ai retenu « là-haut tout est calme »
    Merci pour cette future découverte

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      1. J’avais vraiment beaucoup aimé « La haut tout est calme », j’ai donc acheté Le détour, mais je n’arrive pas pour le moment à rentrer dans l’histoire ! …Je ré-essaierai dans quelques jours !

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