Sortie poche (4) : Stoner

stoner_pocheJe les ai aimés, ils sortent en poche…
L’auteur :
John Williams (1922-1994), est né au Texas où ses grands-parents étaient fermiers. Il a étudié au Colorado et obtenu son doctorat dans le Missouri. Il s’est engagé dans l’armée de l’air en 1942. Après guerre, il a enseigné la littérature à l’université de Denver et ceci jusqu’en 1985. Il est l’auteur de deux recueils de poèmes, d’une anthologie sur la poésie anglaise de la Renaissance et de quatre romans, dont Stoner, publié en 1965.
Editeur : J’ai lu (2 janvier 2013)
Traduction : Anna Gavalda

Ce roman est tout simplement le récit d’une vie, récit qui peut sembler linéaire et sans surprise et qui pourtant, par la grâce d’une écriture sensible et toute en retenue, s’avère passionnant. William Stoner, jeune garçon voué à reprendre la ferme familiale, n’ayant pour perspective dans son entourage, qu’un labeur constant et sans joie, est envoyé à l’université du Missouri grâce à une bourse d’études. Il doit y étudier l’agronomie, s’inscrit un peu par hasard à un cours de littérature et découvre un monde qu’il ignorait complètement. « Il avait ressenti entre les murs de Columbia le même sentiment de chaleur et de sécurité qu’il aurait dû éprouver enfant dans la maison de ses parents et qu’il n’avait justement jamais connu. »
Il va former quelques amitiés, rester en tant que professeur dans l’école qui l’a accueilli, ne pas quitter ce cocon, même quand l’appel de la première guerre mondiale le pressera à s’engager. L’université apparaît comme une sorte d’abri contre le monde extérieur, comme le dit l’un des amis de Stoner, ce monde qui semble un peu feutré, brouillé, tant est riche la vie des livres, et la joie de la faire partager. Le parcours sentimental de William Stoner sera même un peu mis en veilleuse par rapport à ses recherches littéraires, jusqu’à un certain moment, du moins. La scène du mariage rappelle un peu celle de Sur la plage de Chesil, symbole d’une époque, sans doute.
Stoner aura pourtant une vie de famille dans laquelle il devra s’investir… Ce que vous découvrirez quand vous ne manquerez pas de lire ce beau roman ! 
C’est un livre que j’ai eu plaisir à découvrir et à retrouver, et un personnage qui semblerait pourtant falot, mais dont le destin m’a fascinée. Rien à redire à la traduction d’Anna Gavalda, je ne peux pas juger de sa fidélité, mais l’ensemble est cohérent, fluide et rend bien compte de l’amour de la littérature qui porte William Stoner. Une superbe idée que cette réédition !

 

Extrait : Parfois ses pas le menaient dans la cour d’honneur. Il se postait là, en son centre, et admirait les cinq gigantesques colonnes qui se dressaient devant Jesse Hall. Elles semblaient sortir de terre pour s’élancer dans la nuit. Ces colonnes, avait-il appris, étaient les vestiges de l’ancien bâtiment principal qu’un incendie avait détruit bien des années auparavant. Gris argent sous la lune, pures et dépouillées, elles lui paraissaient être le symbole de la vie qu’il s’était choisie comme un temple est l’incarnation d’un dieu qu’il honore.

23 commentaires sur « Sortie poche (4) : Stoner »

  1. Je l’ai trouvé à très bon prix chez le bouquiniste (en grand format) mais il traîne dans mes étagères… Je ne sais que choisir à lire pour le moment, je vais voir…

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  2. Un peu fade cette couverture de poche… j’aimais mieux celle du grand format.
    J’avais beaucoup aimé ce livre, j’en ai même fait après sa lecture « un coup de coeur » et bizarrement je ne m’en souviens presque plus. Je sais juste que c’était une belle oeuvre littéraire, et une bonne surprise.

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