Patrick deWitt, Les frères Sisters

L’auteur : Né en 1975 sur l’île de Vancouver au Canada, Patrick DeWitt vit actuellement dans l’Oregon. Son premier roman, Ablutions, est paru chez Actes Sud en 2010. « Les frères Sisters » a figuré dans la dernière sélection du Man Booker Prize 2012, la plus haute distinction littéraire au Royaume-Uni. Patrick deWitt est actuellement en train de travailler à un recueil de nouvelles.
358 pages
Editeur : Actes Sud (septembre 2012)
Traduction : Philippe et Emmanuelle Aronson
Titre original : The Sisters brothers

Voici un livre vers lequel je ne serais sans doute pas allée spontanément si le billet et l’avis de Joëlle n’avait pas attiré mon attention… La couverture étant ensuite plutôt remarquable, je l’ai reconnu immédiatement sur l’étagère des nouveautés à la bibliothèque. Et voilà une excellente découverte !
Tueurs à gages à la solde d’un dénommé Commodore, les frères Sisters chevauchent vers la Californie où ils doivent retrouver un chercheur d’or pour l’éliminer. Aussi liés que dissemblables, les deux frères vont de rencontres en rencontres, et là où Charlie cherche les aventures faciles, les bagarres ou les beuveries, son frère Eli se montre plus romantique, plus attentif à son apparence. Ses tentatives pour faire un régime ou sa découverte de la brosse à dents sont des plus amusantes. Il se pose aussi, au gré de ses pérégrinations à dos de cheval, beaucoup de questions sur leur mission, sur son avenir une fois que leur forfait sera accompli, sur ses relations avec son frère.
Un western parodique drôle, vif et original, c’est ce qu’est ce roman, mais pas seulement, c’est aussi un conte philosophique plein d’humour, humour qui sauve toujours in extremis les scènes les plus noires.
Tous les codes et les personnages des westerns sont présents, des prostituées aux chercheurs d’or, mais leurs portraits toujours légèrement décalés, comme vus au travers d’un prisme plus contemporain, sont vraiment savoureux. Le soliloque d’Eli, toujours porté sur la philosophie et l’introspection, donne un ton particulier à ce roman qui ne ressemble à aucun autre ! Un petit régal !

Extrait : Assis devant le manoir du Commodore, j’attendais que mon frère Charlie revienne avec des nouvelles de notre affaire. La neige menaçait de tomber et j’avais froid, et comme je n’avais rien d’autre à faire, j’observai Nimble, le nouveau cheval de Charlie. Mon nouveau cheval à moi s’appelait Tub. Nous ne pensions pas que les chevaux eussent besoin de noms, mais ceux-ci nous avaient été donnés déjà nommés en guise de règlement partiel pour notre dernière affaire, et c’était ainsi. Nos précédents chevaux avaient été immolés par le feu ; nous avions donc besoin de ceux-là. Il me semblait toutefois qu’on aurait plutôt dû nous donner de l’argent pour que nous choisissions nous-mêmes de nouvelles montures sans histoires, sans habitudes et sans noms. J’aimais beaucoup mon cheval précédent, et dernièrement des visions de sa mort m’avaient assailli dans mon sommeil ; je revoyais ses jambes en feu bottant dans le vide, et ses yeux jaillissant de leurs orbites embrasées. Il pouvait parcourir cent kilomètres en une journée, telle une rafale de vent, et je n’avais jamais eu à lever la main sur lui. Lorsque je le touchais, ce n’était que pour le caresser ou le soigner. 

30 commentaires sur « Patrick deWitt, Les frères Sisters »

    1. J’ai aimé son originalité, son humour noir… Côté humour, on ne peut jamais être sûr d’aimer et souvent, j’ai laissé tomber des livres dont les autres se délectaient. Là, c’est un peu à la Coen ou Tarantino, j’adore !

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