Hannelore Cayre, Comme au cinéma

L’auteur : Hannelore Cayre est avocate pénaliste, elle vit à Paris. Elle a déjà publié trois romans : Commis d’office, Toiles de maître et Ground XO. Par ailleurs elle e écrit et réalisé des courts métrages puis deux longs (La guerre des saintes et Le sexe des courges).
195 pages
Editeur : Métailié (octobre 2012)

Un procès va se tenir à Chaumont, celui d’Abdelkader Fournier, pour avoir braqué une banque avec une arme factice et pour une somme dérisoire. Il n’a jamais voulu dénoncer ses complices et se trouve devant la cour d’assises en deuxième instance. Malheureusement pour lui, le juge est « le boucher de Chaumont » réputé pour influencer les jurés en leur faisant outrepasser les condamnations demandées par le ministère public. Les avocats d’Abdelkader ont du souci à se faire… Dans un hôtel proche de Colombey-les-Deux-Eglises, ils côtoient les participants à un festival de cinéma. La vedette en est un Etienne Marsant, acteur fêté pour sa longue carrière, qui sort exceptionnellement de sa retraite pour ce petit festival.
Chaque personnage de ce drame tragi-comique, sous-titré « petite fable judiciaire » est présenté et croqué avec humour tout à tour : les avocats, le juge, l’avocat général, l’acteur, la réceptionniste de l’auberge… Les dialogues sont percutants, le « spectacle » du procès d’assises particulièrement bien observé, avec ce qu’il faut de critique de la machine judiciaire, et la situation finale savoureuse. Car tous les protagonistes vont y participer d’une manière ou d’une autre, de façon parfois inattendue… Si vos pérégrinations littéraires mettent ce livre sur votre route, n’hésitez pas, c’est un bain de fraîcheur et de causticité tout à la fois, à dévorer sans retenue.

Extrait : Il se leva d’un coup, plantant là son déjeuner, et alla s’asseoir pesamment sur le transat installé face au lac, puis il déplia son journal à la page Culture qu’il parcourut d’un regard maussade :
… lors de la soirée, un parterre de professionnels et un public de cinéphiles ont applaudi chaleureusement l’acteur, monstre sacré du cinéma français. De quoi mettre du baume au cœur à celui qui a joué dans plus de cinquante films en trente ans et qui, aujourd’hui, sans agent, sans attaché de presse, sans secrétaire particulier, doit se sentir bien délaissé par cette “grande famille du cinéma” qui a pourtant durant plusieurs décennies profité de ses nombreux succès. C’est avec sa compagne Mireille Ducreux qu’Étienne Marsant a quitté son exil suisse pour traverser l’Atlantique et s’installer quelques jours au prestigieux Beverly Hills Hotel…
Il referma brutalement le journal et lança à sa femme un regard accusateur :
– Tu vois, j’en viens à me demander si c’est mon soi-disant état de santé qui me siphonne l’envie de m’impliquer dans quoi que ce soit ou cette bouffe insipide que tu m’infliges. Je te jure, c’est une vraie question.
Mireille, rompue à ses crises, poussa un soupir contenu.

18 commentaires sur « Hannelore Cayre, Comme au cinéma »

  1. D’accord avec toi, pas le roman du siècle, mais très fréquentable, il ne tombe pas des mains, il se lit très agréablement et en plus on rit. Alors, pourquoi se priver ?

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  2. Difficile de résister pour moi au genre caustique. Aussi, si mes pérégrinations me font croiser sa route, je ne le manquerai pas… 😉

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