Kate O’Riordan, Le garçon dans la lune

L’auteur : Londonienne d’adoption, elle a grandi dans la petite ville de Bantry, sur la côte ouest de l’Irlande. Son premier roman, Intimes convictions, traduit aux Éditions Joëlle Losfeld en 2002, a été sélectionné sur la liste du prix Dillons First Fiction Prize puis adapté à la télévision. Avec Le garçon dans la lune, publié en 2008 et Pierres de mémoires, paru en 2009, l’écrivain interroge les relations familiames. Elle a également participé, avec ses amis Dermot Bolger, Joseph O’Connor, Roddy Doyle, à l’anthologie Finbar’s Hotel.
275 pages
Editeur : Joëlle Losfed (2008)
Parution en anglais en 1997. Existe en Folio.
Traduction : Florence Lévy-Paolini
Titre original : The boy in the moon

Restons en Irlande avec ce roman emprunté à la bibliothèque, qui est le troisième que je lis de Kate O’Riordan. Il y a une dizaine d’années, j’avais trouvé le tout premier, Intimes convictions, sur le conflit en Irlande du Nord, trop violent et sombre à mon goût. J’ai lu ensuite, et admiré la maîtrise de son dernier roman, Un autre amour. J’étais donc confiante en ouvrant Le garçon dans la lune, et le début ne m’a pas déçue.
Deux jeunes parents entreprennent avec leur fils de sept ans le voyage de Londres à l’Irlande pour aller voir le père de Brian. Le couple formé par Brian et Julia bat un peu de l’aile à ce moment-là, notamment à propos de l’éducation et des libertés accordées à leur fils Sam. Rien toutefois qui ne pourrait s’arranger, semble-t-il, mais lors d’une étape chez le frère de Brian, un drame survient qui va bouleverser leur vie commune et leur vie tout court. Quelques semaines plus tard, Julia arrive seule chez le père de Brian pour un séjour d’une durée indéterminée. Elle ne connaît que très peu cet homme mutique et farouche, qui a gardé un mode de vie d’un autre âge. Des voisins agréables rompent un peu la solitude imposée de Julia. Cette retraite lui permet de revenir sur ses derniers mois de vie commune et de chercher à mieux comprendre son mari, son enfance au milieu d’une nombreuse fratrie, sa mère morte jeune, son frère jumeau disparu aussi, son père violent…
J’ai trouvé toute cette partie, une bonne grosse moitié du roman, très longue, tournant un peu en rond, autour d’un secret de famille qu’on pressent assez vite. Julia trouve un carnet dans lequel la mère de Brian notait ses travaux journaliers et les évènements familiaux, et sa lecture est toujours interrompue, sans quoi le dénouement arriverait cent pages plus tôt. J’en ai un peu assez aussi de ces enfances rurales sombres et violentes, où un père considère ses enfants au mieux comme des journaliers, au pire comme des bêtes de somme. Cela m’a rappelé immanquablement Le sillage de l’oubli. Mais si l’on pense qu’il s’agit dans le présent roman d’une enfance dans les années soixante ou soixante-dix, cela paraît assez exagéré. Je veux bien croire qu’une telle vie de famille, austère et dénuée d’affection, ait des répercussions à l’âge adulte, mais trop, c’est trop, trop sombre, trop violent, trop prévisible quand au drame caché par la famille.
Je reconnais à ce roman des qualités, notamment la psychologie très fouillée des personnages, même les plus complexes, une écriture sobre et efficace, mais je suis passée un peu à côté de ce roman, bien loin de l’enthousiasme de la plupart des commentaires.

Extrait :

L’esprit était égoïste, il cherchait instinctivement à être consolé, il exigeait des répits puis, dans un accès de culpabilité, il rejetait le moment de réconfort. Elle avait été surprise dès le début par son calme qui n’avait rien à voir avec une quelconque force intérieure, mais résultait au contraire du fait qu’elle reconnaissait avec calme et désespoir que rien ne pouvait être pire.

 

34 commentaires sur « Kate O’Riordan, Le garçon dans la lune »

  1. Je partage ton avis sur la violence du roman sur le conflit irlandais (abandonné) mais j’ai beaucoup aimé celui-ci, même si c’est vrai le secret familial est un peu faiblard.

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  2. Il y a beaucoup de commentaires très positifs sur ce livre, qui a des qualités, comme tu le dis, c’est certain. Pourtant je partage ton impression mitigée, c’est un peu comme si il y avait deux romans différents à se suivre : la première partie a des accents de Mc Ewan ( ce qui est un compliment, en ce qui me concerne …) et la seconde, ben, je ne sais pas, mais elle fait plus « conventionnelle ». Je note « Un autre amour » pour revoir ma première impression de l’oeuvre de cette auteure.
    Merci pour le lien !

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  3. En revanche je ne suis pas allée au bout de celui-ci. Il tourne trop en rond au début, comme tu le dis, ce qui m’a énervé, et j’ai abandonné.

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      1. J’ai enfin réussi à trouver le moyen de commenter !!! Ouf !!!!
        Comme toi, j’ai préféré « Un autre amour » bien supérieur à ce roman, trop larmoyant et trop mélo pour moi …

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