Sortie poche (2) : Cent ans

Je les ai aimés, ils sortent en poche !
L’auteur : Herbjørg Wassmo est née en 1942, dans l’extrême Nord de la Norvège. Ses romans et nouvelles sont empreints de l’atmosphère de ces régions septentrionales. Les lecteurs français la découvrent surtout avec Le Livre de Dina, une fresque flamboyante, qui se déroule dans la région natale de l’auteur, au milieu du XIXe siècle. Traduite en 24 langues, l’œuvre de Herbjørg Wassmo a été récompensée à maintes reprises.
600 pages
Editeur : 10/18 (octobre 2012)
Traduction : Luce Hinsch
Titre original : Hundre år

Coup de cœur ! Que sait-on de ses propres arrière-grands-mères ? Dans le cas d’Herbjørg Wassmo, la curiosité de l’écrivain s’éveille lorsque sa fille trouve une publication parlant d’un retable dans la cathédrale des îles Lofoten. Le peintre, très doué, était un pasteur, et le modèle une certaine Sara Susanne Krog, qui n’est autre que l’arrière-grand-mère maternelle de Herbjørg Wassmo. Elle se lance dans des recherches sur sa famille, s’inspire librement de ce qu’elle peut en retrouver, poussée par le fait que cent ans exactement la séparent de Sara Susanne, et aussi peut-être parce qu’il est temps pour elle d’évoquer des souvenirs douloureux de sa propre enfance.
Elle retrace donc un siècle, de 1860 à 1960 environ, entremêlant différents épisodes de l’histoire familiale, commençant dans le Nord avec Sara Susanne, son arrière-grand-mère, qui épouse Joannes Krog parce que sa famille peine à nourrir de trop nombreuses bouches. Elle-même aura de nombreux enfants, dont Elida, qui quittera les Lofoten pour Kristiania, avant qu’elle ne devienne Oslo, pour faire soigner son mari gravement malade. L’une de ses filles, Hjørdis, reviendra dans le nord et sera la mère de la petite Herbjørg. 
Rassurez-vous, on ne se perd pas du tout dans la généalogie, et cette saga familiale vue du côté des femmes, mais également de leurs relations avec les hommes est tellement passionnante que je n’ai pas vu filer les 560 pages ! (en version brochée)
C’est aussi l’histoire des régions les plus septentrionales de la Norvège qui est retracée, avec l’arrivée des premières technologies, voitures, téléphone, mais aussi les guerres et la façon dont les lapons et les gens du nord étaient peu considérés par les norvégiens du sud. Des évènements familiaux qui pourraient sembler communs prennent un tel relief que le lecteur les anticipe avec impatience : une nuit de noces, une naissance difficile, un déménagement, une maladie, peuvent avoir des conséquences funestes ou heureuses sur les générations suivantes. On imagine bien à la lecture comment l’auteur a fait parler photos, documents et objets de famille, ainsi que des souvenirs glanés ici et là, et elle le fait d’une manière qui force l’admiration. Il faut découvrir aussi comment le goût de la littérature s’est transmis dans la famille en commençant par les lectures à voix haute de Sara Susanne qui faisaient le bonheur de la maisonnée…

J’ai lu vraiment avec enthousiasme ce roman qui comporte des moments particulièrement forts que je ne dévoilerai pas, en vous donnant un seul conseil : lisez-le…

 

Extrait : Il y avait un type à Kristiania dénommé Schreiner à qui le Parlement avait donné de l’argent pour décrire l’anatomie des Lapons de Tysfjord. Une drôle d’occupation pour un homme dans la force de l’âge. Peder avait raconté à Fredrik que sa famille avait même dû se déshabiller. Ils avaient attrapé sa mère un jour qu’elle revenait de la montagne. Sans même lui donner le temps de s’arranger ni de se reposer, ils l’avaient forcée. D’abord, ils avaient essayé de l’amadouer, puis ils lui avaient donné quelques perles de verre dans un cornet en papier. Quand elle avait refusé la verroterie et s’était mise à les repousser et à pleurer, ils l’avaient fait entrer de force dans le chalet et l’avaient pesée et mesurée quand même. Il avait tout vu des hauteurs où il s’était caché jusqu’à leur départ. Quand sa mère lui avait dit qu’ils allaient revenir pour mesurer le reste de la famille, il s’était enfui pour échapper à cette humiliation.

18 commentaires sur « Sortie poche (2) : Cent ans »

  1. je pense que je ne vais aps tarder à me le prendre, il me fait de l’oeil depuis sa sortie en grand format… l’édition Gaïa me plaisait aussi, bref, il faut saisir l’occasion de le trouver !

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    1. C’est vrai qu’en Gaïa, l’objet livre est agréable à tenir, à feuilleter… Mais une sortie en poche est tout de même une bonne nouvelle pour le porte-monnaie.

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  2. Je n’ai lu que  » La septième rencontre  » et j’ai adoré, je prends donc bonne note du conseil 😀
    ( j’aime particulièrement les livres des éditions Gaïa mais je reconnais que cette couverture est superbe )

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  3. Une bonne idée de lecture … J’avais adoré le livre de Dina et la trilogie de Tora et puis j’ai un peu oublié cette auteure (les pages en rose de l’édition Gaïa m’avaient aussi « contrariée », je n’arrive pas à fixer mon regard sur les lignes … c’est bête !) alors en poche et en pages blanches, je note de suite !

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