Sortie poche (1) : Brooklyn

Je les ai aimés, ils sortent en poche…
J’inaugure une nouvelle rubrique qui mettra en avant des livres que j’ai aimés et qui sortent en poche. Ce sera aussi l’occasion de rapatrier quelques billets de mon ancien blog.

L’auteur : Né en Irlande en 1955, Colm Tóibín est l’auteur de cinq romans et de plusieurs recueils de nouvelles. Aux Éditions Robert Laffont, il a publiéLe Maître (2005), Prix du meilleur livre étranger 2005 et finaliste pour le prestigieux Booker Prize, ainsi que L’Épaisseur des âmes (nouvelles, 2008).
336 pages
Editeur : 10/18 (octobre 2012)
Traduction : Anna Gibson

Dans les années 50, à Enniscorthy, Eilis Lacey vit avec sa mère veuve et sa sœur aînée, Rose, qu’elle admire beaucoup. Ses frères, poussés par le chômage, sont partis travailler en Angleterre. Par l’intermédiaire de sa sœur, un prêtre originaire de cette petite ville irlandaise propose de trouver un travail aux Etats-Unis, à Brookyn pour Eilis. Bien que pleine d’hésitation et d’appréhension, Eilis embarque pour les Etats-Unis, où l’attendent une chambre dans une pension de famille et un travail de vendeuse. Colm Toibin excelle à planter des décors et à sonder les états d’âme des personnages, ce qui fait que, bien que l’histoire semble assez simple, on se retrouve emporté aux côtés d’Eilis, de sa vie de famille à Enniscorthy, à la traversée en troisième classe à bord d’un transatlantique, puis à la pension de famille tenue par une irlandaise à Brooklyn. Eilis se voit recommandée par le prêtre de la paroisse pour un poste de vendeuse dans un grand magasin, et l’atmosphère du lieu, l’aspect guindé des chefs de rayon, l’empilement de bas, de pull-overs, la foule des soldes, l’arrivée, choquante pour certains, des premières clientes de couleur, tout est admirablement décrit. Eilis souffre du mal du pays, a du mal à se lier avec ses colocataires, commence des cours du soir en comptabilité, fréquente le bal hebdomadaire de la salle paroissiale, occupe ses loisirs à étudier, sans oublier parfois le cinéma ou le dimanche à Coney Island. On se doute bien que tout cela n’aura qu’un temps…
Je n’en dévoilerai pas plus, il faut découvrir Eilis, discrète, mais obstinée et travailleuse, ni oie blanche, ni délurée, un personnage très réaliste de jeune fille puis de jeune femme des années 50, qui va se trouver confrontée à un choix particulièrement difficile… Il n’y a pas qu’Eilis, les autres personnages ne sont pas oubliés, et ont tous une épaisseur et une consistance que je trouve rarement dans les romans que je lis. La fin du roman est magnifique et beaucoup plus forte que mon ébauche de résumé ne le laisse imaginer ! L’auteur est à découvrir, pour moi c’était fait depuis Le bateau-phare de Blackwater,
qui est une très belle histoire de famille également.

Extrait : Une fois de plus, elle se leva très tôt, quitta la maison sans un bruit et marcha au hasard durant une heure avant d’aller prendre un café. Elle remarqua pour la première fois la froideur de l’air ; il lui sembla que le temps avait changé, mais cela n’avait plus vraiment d’importance. Elle entra dans un diner, s’assit à une table où elle pourrait tourner le dos au reste de la clientèle et où personne ne viendrait lui adresser la parole ou faire des commentaires oiseux.

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